La Bourse de Paris continue de broyer du noir

Les semaines passent. Et rapprochent un peu plus chaque jour la Bourse de Paris de son plus-bas du 12 mars 2003. En l'occurrence le CAC 40, qui a clôturé la semaine juste au-dessus des 2.700 points, n'avait pas atteint de tels niveaux depuis le 1er avril 2003. Son recul s'élève désormais à près de 17 % par rapport au 1er janvier. La purge pourrait-elle être encore plus sévère?? La question reste entière. Car plusieurs facteurs alimentent un courant vendeur. À commencer par le recul réajusté à 6,2 % du PIB américain au quatrième trimestre. Côté européen, le constat n'est pas plus reluisant. « Les exemples d'États en situation de défaut possible se multiplient à l'image de l'Ukraine, du Kazakhstan ou encore des pays Baltes », glisse Romain Boscher, directeur des gestions actions de Groupama AM. En outre, même si elles étaient attendues, les pertes abyssales de la sphère bancaire sont plutôt de nature à nourrir la psychose ambiante. Tout comme d'ailleurs les annonces de levées de fonds de Lafarge et de Saint-Gobain, qui tendent à montrer que les risques de recapitalisation concernent aussi les industriels. « Cela a eu pour effet immédiat de peser sur des sociétés endettées présentes sur des activités capitalistiques, comme Veolia Environnement ou encore Bouygues », souligne Andrzej Kawalec, analyste chez Moneta Asset Management. volumes faiblesDe son côté, Romain Boscher estime que « les besoins en capitaux risquent de créer une surabondance de papier » à la Bourse de Paris. Le tout dans des volumes d'échanges quotidiens particulièrement creux (moins de 3 milliards d'euros). En plus d'un effet mécanique lié à la baisse des cours, le montant des capitaux traités pâtit d'une diminution de la volumétrie des produits structurés. Mais aussi, selon Romain Boscher, d'une « contraction des flux en provenance des investisseurs institutionnels qui ont choisi de stabiliser ou de réduire leur exposition au marché actions, et les rachats effectués par les particuliers sur les OPCVM ». Andrzej Kawalec rappelle, au passage, que CNP, qui collecte 25 % de l'assurance-vie française, a fait connaître son intention de placer ses ressources surtout sur le marché des obligations d'État. Malgré cela, on peut se demander si le marché a déjà pris, ou non, le parti du pire. Pour Éric Turjeman, directeur des gestions actions chez Sgam, « le plancher rationnel a déjà été cass頻. Aux cours actuels, l'indice CAC 40 intégrerait une chute implicite d'environ 40 % des profits entre 2009 et 2010. Mais, selon lui, « les investisseurs préfèrent louper une opportunité de rebond plutôt que de revenir trop tôt ». Et d'ajouter?: « Toute la question est de savoir si l'on fait face à une dépression comme en 1929 ou à une récession. » D'après Romain Boscher, « au-dessous de 2.500 points, le marché commencerait à anticiper un scénario digne des années 1930 fondé sur des chutes de résultats pouvant aller jusqu'à 80 % entre 2009 et 2010 ». Le spécialiste voit d'ailleurs ce plancher comme un niveau d'achat. Mais, tel que le relève Andrzej Kawalec, « il suffit d'une mauvaise nouvelle, ce qui est envisageable, sur un poids lourd du CAC tel que GDF-Suez ou Total pour que l'indice décroche ».
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