« Même une bonne grille doit évoluer »

Pourquoi avez-vous accepté la direction de France Inter ?Jean-Luc Hees et moi travaillons ensemble depuis vingt ans. Cela me semble normal qu'en arrivant à la présidence de Radio France il ait envie de travailler avec moi. Quand il m'a parlé d'Inter, j'ai tout de suite dit oui sans hésiter. Je n'y serais pas allé avec un autre président. C'est le type de mission dont je rêve depuis l'enfance. En outre, j'avais décidé de quitter « Charlie Hebdo » après le procès des caricatures de Mahomet. J'avais alors pour idée d'écrire deux ou trois livres et de faire des émissions TV avec mon ami Daniel Leconte?Vous êtes parti de « Charlie Hebdo », mais vous détenez toujours une partie du capital.Les parts que je détiens dans « Charlie » sont aujourd'hui administrées par Cabu. Je n'y touche plus, conformément à la loi. Mais s'il y a une demande de la part du management de « Charlie Hebdo », je les revendrai.Est-ce vous qui avez soufflé à l'Élysée ou à Carla Bruni le nom de Jean-Luc Hees pour la présidence de Radio France ?Cela ne s'est pas passé ainsi. Je pense que l'Élysée a d'autres moyens d'être informé? Et cela fait près de cinq ans que Jean-Luc Hees voulait être candidat. J'ai connu Carla Bruni bien avant qu'elle ne devienne la femme de Nicolas Sarkozy. Je l'ai rencontrée via Raphaël Enthoven [ex-compagnon de Carla Bruni, Ndlr], qui est un ami intime. Et l'amitié que j'ai pour Carla est devenue publique lorsque je l'ai accompagnée sur la scène du Zénith lors du concert organisé contre les tests ADN.Votre arrivée a suscité de nombreuses critiques dans la presse?Ça m'est assez indifférent. Depuis des années, je suis l'objet de critiques assez violentes suite à mes prises de positions dans des débats assez passionnels, comme le voile islamique, le conflit israélo-palestinien, les caricatures de Mahomet, le Kosovo? Je suis devenu accoutumé à un traitement exagéré. J'assume d'autant plus cela que c'est en réaction à des positions que je ne regrette pas le moins du monde, et que je reprendrai toujours. Je me dis parfois : « Quand on ne veut pas prendre de coups, on ne monte pas sur le ring. »Les syndicats de journalistes de Radio France ont demandé l'ouverture d'une clause de conscience en raison de votre « passé connoté politiquement »?Cela ne m'a pas gêné. J'aurais réagi de la même manière si j'avais lu tout ce qu'on a écrit à mon sujet. Il y a une méfiance, il est légitime qu'elle s'exprime. Un système où la méfiance ne s'exprimerait pas serait horrible. Une rédaction est morte quand ses journalistes se foutent de tout. À « Charlie Hebdo », je n'étais pas d'accord avec un tiers de la rédaction sur des sujets qui me tiennent à c?ur comme le conflit du Moyen-Orient ou l'Europe [il avait appelé à voter oui à la Constitution, Ndlr]. Mais ils ont toujours pu s'exprimer.Cette méfiance avait, entre autres, pour objet votre vision de la tranche du matin, et de la revue de presse?Pour moi, une revue de presse doit avant tout donner envie de lire les journaux et savoir hiérarchiser les titres. On ne met pas sur le même plan « Le Monde » et un site Internet qui fait de la rumeur. C'est Bruno Duvic qui sera en charge de la revue de presse, et Frédéric Pommier (ancien présentateur de la revue de presse) interviendra sur différentes émissions.Quels sont les autres changements que vous allez opérer dans la grille ?France Inter est une radio d'offre plus que de demande. Ce qui fait l'identité de la relation avec les auditeurs. C'est une radio d'information et de culture.La grille existante fonctionnait bien, et je suis arrivé très tard dans la saison, à un moment où beaucoup de programmes avaient déjà été reconduits. Il y a d'ailleurs plein de choses très bien en place à Radio France, des choses précieuses qu'on trouve rarement ailleurs. Cependant, ce n'est pas parce qu'une grille est bonne qu'elle ne doit pas évoluer. À France Inter, on fera par exemple des journées exceptionnelles consacrées à une personnalité, qui interviendra dans les différentes émissions de la journée. Une fois par mois, France Inter accueillera pendant une heure Jean-Claude Ameisen, un chercheur sur la mort cellulaire. Également une fois par mois, l'émission « Le téléphone sonne » sera consacrée à la politique européenne, et une nouvelle émission politique hebdomadaire « Les questions du mercredi » arrive sur les ondes. J'ai par ailleurs recruté un certain nombre de nouvelles voix comme Pascale Clark, ancienne de RTL (à 9?h?30) ou Guillaume Gallienne, qui présentera un magazine de lecture le samedi.Quels objectifs vous êtes-vous fixé en termes d'audience ?On va tout faire pour que le maximum de gens écoute France Inter. Le travail de l'audience d'une radio se fait par la qualité des programmes. Je pense qu'une bonne chose finit toujours par trouver son public.
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