EDF et Centrica au pied du mur

L'heure de vérité approche pour les négociations entamées en septembre 2008 par EDF et Centrica. L'enjeu : les 3,1 milliards de livres (3,3 milliards d'euros) qu'apporterait le groupe britannique à EDF en échange de 25 % de British Energy, repris en septembre 2008 par l'électricien français pour 12,4 milliards de livres. À quelques jours de l'échéance, l'issue reste cependant très incertaine. Les interrogations sont nombreuses autour de ces discussions qui durent depuis six mois. Certains s'interrogent même sur la volonté réelle d'aboutir des deux électriciens.pression des marchésDu côté de Centrica, la stratégie est claire. Le point de blocage aussi. Le propriétaire de British Gas est à la recherche d'approvisionnement pour diminuer sa dépendance aux marchés de gros d'énergie dont il dépend encore à hauteur de 60 % de ses besoins. L'accord avec EDF lui donnerait accès à 25 % de la production électrique actuelle et à venir de British Energy (EDF prévoit de construire 4 réacteurs nucléaires de nouvelle génération EPR outre-Manche). Seul problème : selon le protocole d'accord, Centrica doit reprendre 25 % de l'opérateur nucléaire britannique au même prix qu'EDF. Ce prix reposait sur un mégawatt aux alentours de 80 livres, contre 35 livres aujourd'hui. Centrica, qui ne peut en théorie renégocier le prix, tente donc d'obtenir des compensations, sous la très forte pression des marchés financiers. De nombreuses pistes ont été évoquées, aucune confirmée : un partage de la gouvernance, une participation plus importante sur les futurs EPR, le paiement d'un dividende exceptionnel par British Energy, un rachat par EDF de la participation de Centrica dans le belge SPE?EDF, de son côté, n'est pas tenu de faire des concessions. Même si le groupe cherche à se désengager de 5 milliards d'euros d'actifs pour retrouver de la flexibilité financière, « avec un ratio dettes sur Ebitda de 1,7, le financement n'est pas un problème pour EDF. Il a d'ailleurs déjà payé la moitié de British Energy », souligne un analyste parisien.Certains se demandent même si EDF n'a pas surtout cherché à neutraliser Centrica en concluant un premier accord dès mai 2008, au moment où tous les grands électriciens européens cherchaient à former des alliances pour s'emparer de British Energy. Un partenaire britannique était alors un atout indéniable pour convaincre Londres. De plus, un allié prêt à alléger sa facture l'a aidé à faire passer auprès de ses actionnaires le fort prix d'achat conclu pour la transaction. Aujourd'hui, ces deux sujets font partie du passé.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.