Première étape, la reprise en main de la gouvernance

Pour avoir suivi, depuis l'Élysée, les débuts hésitants du rapprochement entre l'Écureuil et les Banques Populaires, François Pérol savait qu'une reprise en main de la gouvernance s'imposait pour mener à bien l'opération dans les temps. Plus que les difficultés liées à la crise, ce sont en effet les rivalités et les querelles d'influence entre « bleus » et « rouges » qui ont provoqué l'enlisement de leur projet de fusion, après avoir mené leur filiale commune Natixis au bord du gouffre. Elles ont aussi poussé l'Élysée à se saisir du dossier et à faire don de son secrétaire général adjoint.« François Pérol a mis le nouvel ensemble en ordre de marche, quitte à prendre quelques libertés avec l'esprit coopératif », analyse un bon connaisseur de l'Écureuil, pour qui « c'est ce qui a permis que la fusion se fasse aussi rapidement ». Il a commencé par composer une équipe dirigeante resserrée en puisant largement à l'extérieur des deux groupes, notamment pour les finances, la stratégie et les ressources humaines. Mais sa volonté de concentrer les pouvoirs au sein du nouvel organe central, BPCE, a parfois fait grincer des dents. Lors du débat sur la composition du conseil de surveillance, les présidents des établissements régionaux, représentants élus des sociétaires, ont bien failli se voir privés de la majorité simple, avant que les députés ne décident de graver ce principe dans le marbre de la loi, au grand dam de Bercy. Une victoire limitée pour les « barons », puisque les décisions essentielles relèveront de la majorité qualifiée.la corbeille des mariésOutre l'organe central du nouvel ensemble, dont il va présider le directoire, François Pérol a pris la présidence non exécutive des filiales Natixis et Océor. Il a étendu son emprise aux deux holdings Caisses d'Épargne Participations et Banques Populaires Participations. Créées pour porter les filiales que les mariés ont décidé de ne pas mettre d'emblée dans la corbeille du fait de désaccords persistants sur leur valorisation, ces structures n'ont aucun lien capitalistique avec BPCE. Gérées par l'organe central, comme l'a exigé le régulateur bancaire, ces structures accueilleront ainsi François Pérol et un autre représentant de BPCE à leur conseil d'administration. Reste à savoir si les barons en obtiendront la présidence, ou si elle sera également contrôlée par l'organe central. Quoi qu'il en soit, François Pérol s'est assuré une grande autonomie dans la gestion de ces filiales, tout en limitant les risques de désaccord quand viendra l'heure de transférer des actifs à l'organe central, ou de les céder.risques de révolteSi certains barons n'y voient aucune malice, mais simplement un gage d'efficacité, d'autres ont fait grise mine en découvrant, dans les résolutions soumises aujourd'hui à l'assemblée générale, que BPCE serait représenté au conseil d'administration des deux holdings. Une amertume qui dessine, en creux, la principale menace qui plane sur la stabilité du groupe : celle que les barons, à force de voir leurs prérogatives rognées, finissent par prendre leur nouveau patron en grippe. B. J.
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