De l'euphorie au cauchemar

Elle avait pourtant bien commencé, cette année 2008, avec l'annonce par le patron de Renault, Carlos Ghosn, d'une exceptionnelle croissance de plus de 10 %, avec une belle marge opérationnelle de 4,5 %, en attendant l'objectif de 6 % fixé pour 2009 ? Pas moins euphorique, le président de PSA, Christian Streiff, visait pour sa part une progression des volumes de 5 % et une marge en progression sensible à 3,5 %, puis à 5,5-6 % vers 2010.Las, aujourd'hui la fête est finie. Devant la dégringolade du marché européen (? 26 % en novembre), les deux groupes français en étaient à réduire de 25 % leurs fabrications au quatrième trimestre 2008. Du coup, Carlos Ghosn et Christian Streiff sont contraints de lancer un SOS à l'État français pour qu'il leur apporte les nécessaires liquidités. PSA a d'ailleurs reconnu avoir perdu de l'argent sur la deuxième partie de 2008. Renault déclare un cash-flow négatif, avec un niveau de stocks qui représente des immobilisations trois fois supérieures au montant de la dette à fin 2007. Envolées les belles promesses !Les autres Européens ne sont pas mieux lotis. L'administrateur délégué de Fiat, Sergio Marchionne, qui prévoyait une année 2008 record, concède désormais que Fiat n'a plus d'avenir? sans allié. Il affirmait ainsi dernièrement au magazine « Automotive News » : « Vous devez produire au moins 5,5 à 6 millions de véhicules par an pour avoir une chance de gagner de l'argent. (?) Fiat n'en est même pas à la moitié. » Ses sites transalpins sont d'ailleurs arrêtés pour un mois, entraînant le chômage technique pour 150.000 à 200.000 personnes avec les fournisseurs. Le président de Volkswagen, Martin Winterkorn, comptait aussi sur une année 2008 historique, avant de déchanter sur le dernier trimestre. Ses branches tchèque, Skoda, et espagnole, Seat, sont notamment contraintes de diminuer massivement leur production.Quant au japonais Toyota, premier constructeur mondial à qui tout paraissait réussir, il pourrait accuser une perte de 1,1 milliard de dollars (800 millions d'euros) sur le second semestre de son exercice clos fin mars 2009, d'après la presse nippone. Toyota a même annoncé qu'il allait suspendre la construction d'une nouvelle usine aux États-Unis, achevée à 90 % et qui devait assembler la célèbre Prius hybride. Dans les pays émergents, ce n'est pas l'euphorie non plus. Après un excellent début d'année, les ventes chutent en Chine, au Brésil, en Russie. Ratan Tata, patron emblématique du consortium indien de même nom, s'est même récemment inquiété de l'endettement de sa branche automobile, qui avait racheté Land Rover et Jaguar à Ford, juste avant la crise.Les «big three» au plus malMais tout cela n'est rien à côté de la catastrophique situation des « Big Three ». GM et Chrysler, dont les dirigeants envisageaient allègrement, il y a encore un an, le prochain redressement, sont en quasi-faillite. Seule une aide massive de Washington peut les sauver. GM, naguère symbole de l'Amérique triomphante, est même contraint d'éteindre les lumières de son siège à Detroit de bonne heure et de stopper les ascenseurs. C'est dire son piteux état.2009 ne s'annonce guère plus florissante. PSA anticipe un plongeon du marché européen d'au moins 10 %. Les experts estiment que les constructeurs du Vieux Continent devraient être juste à l'équilibre financier, ou carrément en perte. Les Japonais vont souffrir également, notamment de la chute du marché américain, sur lequel ils réalisent une bonne part de leurs marges. Quant aux « Big Three », nul ne se hasarde à faire le moindre pronostic. nLe marché européen chutant de 26 % en novembre, renault et PSA ont réduit de 25 % leurs fabrications au quatrième trimestre.
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