Donnant-donnant historique

Le projet d'accord conclu vendredi entre le patronat et les principales organisations syndicales sur la réforme du marché du travail est historique. Il introduit pour la première fois en France des notions de " flexsécurité " et intronise un nouveau mode de relation constructive entre les partenaires sociaux. Au passage, il valide le bien-fondé de la méthode imposée par Nicolas Sarkozy. Certes, sur le premier point, l'accord dessiné est en deçà des volontés exprimées par le Medef. La distance est encore longue si on mesure ce qui sépare les premiers pas français accomplis en direction de la flexsécurité de la ligne d'arrivée du modèle danois, dont on sait au fond qu'il serait difficilement applicable en France. Il n'en demeure pas moins que l'introduction de la notion de " sécurisation du parcours professionnel " et, surtout, d'une troisième voie sur la rupture du contrat, qui installe entre la démission et le licenciement la séparation par consentement mutuel, constitue une évolution profonde des rapports entre le salarié et son patron. L'avancée en direction du donnant-donnant est majeure, elle peut aboutir à la construction d'une relation plus consensuelle des rapports sociaux.Le second caractère historique de cet accord, c'est que preuve est faite que la discussion entre patronat et syndicats, sur des sujets aussi fondamentaux que le contrat de travail, est désormais possible. Il faut y voir le travail d'ouverture de Laurence Parisot, mais aussi celui d'une majorité de dirigeants de centrales désormais convaincus de la nécessité de faire évoluer le modèle social français. Il faut, enfin, saluer la méthode de Nicolas Sarkozy. En enfermant les partenaires sociaux dans un calendrier contraignant et dans un cadre de négociations précis, en les renvoyant à leurs responsabilités, le président a créé les conditions d'une obligation de réussite dont on peut dire qu'elle est totalement novatrice en France. Mieux encore : si l'esprit de responsabilité pouvait durer encore quelques jours pour permettre à cet accord d'être porté sur les fonts baptismaux, il sera alors gravé dans le marbre. On voit mal une nouvelle majorité défaire dans le futur ce qui a été bâti sur la base d'un consensus entre partenaires aux intérêts a priori divergents, ce qui n'a rien à voir avec une décision de politique politicienne.
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