Un marché à hauts risques

Une fois de plus, pour expliquer ses contre-performances, DEC montre du doigt sa division micro-informatique. Et, pourtant, après avoir longtemps hésité, le groupe américain avait fini par faire du micro-ordinateur l'un des axes stratégiques de son développement. C'était en 1993. A l'époque, DEC se débattait dans des difficultés financières qui semblaient sans fin. Un an après avoir constitué une division spécifique pour les PC et l'avoir confiée à Enrico Pesatori, DEC publie en 1994 ses premiers communiqués de victoire et promet alors de devenir l'un des cinq premiers constructeurs mondiaux de PC dès 1995. Le malade ne manque pas d'ambition. En 1994-1995, les ventes de la division micro s'élèvent à 2,5 milliards de dollars (environ 13 milliards de francs), soit 15 % du chiffre d'affaires global. Pour 2,5 % du marché mondial. C'est peu. De surcroît, le constructeur informatique avoue que la croissance de cette activité s'essouffle. Au cours de l'été 1995, Bernhard Auer, l'adjoint d'Enrico Pesaro en charge des PC, démissionne. Des rumeurs alors se multiplient sur les contre-performances de la division. Une réalité qui éclate au grand jour début mai, avec l'annonce de l'arrêt de sa gamme grand public et son recentrage sur la micro-informatique professionnelle. Arrivé tardivement sur le marché du PC, DEC a certainement été pénalisé par ses revirements stratégiques successifs. Errements d'autant plus graves que ce secteur, dans lequel le rapport entre les volumes et les marges dérisoires est fondamental, pardonne mal les écarts. De plus, ces errements se sont produits alors que le marché s'essoufflait. Le dernier trimestre 1995, période pourtant habituellement marquée par de très fortes ventes dans le grand public, a ainsi été bien moins bon que ce qui était attendu, et cela pour l'ensemble des fabricants. Résultat, DEC se retrouve avec une kyrielle d'invendus sur les bras. En fin d'année dernière, la rotation des stocks de certains distributeurs s'élevait à 15 semaines. Au lieu de 4... Autre phénomène qui semble avoir pénalisé Digital : le marasme de l'économie européenne. Du coup, le marché européen de la micro-informatique connaît une accélération de sa concentration, au bénéfice de quelques grandes marques (Hewlett-Packard, Packard-Bell, Compaq...). Th. G. et G. M.
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