Le PDG de Bull veut faire 620 millions de profit en 1996

JEAN-MARIE DESCARPENTRIES vient de fixer de nouveaux objectifs très ambitieux pour Bull. Selon nos informations, le président du constructeur d'informatique français souhaiterait que le groupe dégage un profit de 620 millions de francs fin 1996, soit le double de celui enregistré l'an dernier (306 millions de franc). Une prévision que Bull démentait hier, le « groupe se refusant à commenter les rumeurs sur les prévisions ». Déjà, en début d'année, le président du groupe d'informatique avait surpris les observateurs en officialisant sa politique de croissance à marche forcée d'ici à l'an 2000, pour atteindre à cette date les 100 milliards de francs de chiffre d'affaires (26,6 milliards de francs en 1995). Ce qui devrait se traduire par un rythme annuel de croissance des ventes de 30 %. Jean-Marie Descarpentries avait justifié cet objectif en évoquant des opérations d'acquisitions. Cette fois, son objectif de résultat a des airs de voeu pieux, tant les conditions dans lesquelles Jean-Marie Descarpentries a fixé cet objectif sont surprenantes. Comme dans toute entreprise, les responsables des différentes activités ont communiqué, en début d'année à la direction générale, des budgets révisionnels. Compte tenu de la morosité économique tant en Europe qu'aux Etats-Unis, ceux-ci aboutissaient à une stagnation des résultats. Manifestement irrité par cette absence de collaboration de la conjoncture internationale au redressement de Bull, Jean-Marie Descarpentries a refusé ces budgets et demandé à ses collaborateurs de lui communiquer de nouvelles versions plus optimistes. En vain. Ce qui ne l'a donc pas empêché de prévoir des comptes 1996 bénéficiaires à hauteur de 620 millions de francs. L'objectif semble aujourd'hui difficilement réalisable. Même si l'entreprise assure que les comptes du premier semestre, qui seront rendus publics dans le courant du mois de juillet, recèlent de bonnes surprises, ils seront néanmoins pénalisés par la cession de Zenith Data Systems, la filiale micro-informatique, à Packard Bell. Déjà, les comptes 1995 étaient affectés par deux éléments liés à cette opération réalisée en février 1996 : 569 millions de francs au titre de l'écart d'acquisition et 123 millions de francs de « coûts de transition ». Lors de la cession de ZDS, les deux entreprises se sont en effet mises d'accord pour partager les frais induits par l'opération. Mais Bull n'auraient pas traité dans les comptes 1995 toutes les facettes de ce désengagement. D'une part, parce que l'opération n'est effective que depuis le 1er avril 1996 : Bull doit donc consolider les comptes du premier trimestre de ZDS. D'autre part, il semble que, pour vendre sa filiale à Packard Bell, le constructeur d'informatique français a été obligé d'abandonner un gros paquet de créances. Pourtant, comme le rappelle un élu du personnel, l'objectif de bénéfice net pourrait être « réalisable », dans la mesure où, avec la cession de ZDS, Bull se sépare de son principal foyer de pertes. THIERRY GADAULT
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.