Téléphonie mobile : Telefonica victime de son succès

Le téléphone cellulaire a été le cadeau à la mode des fêtes de fin d'année en Espagne. A tel point que l'engouement populaire pour ce qui représente, aux yeux de la majeure partie de la population, un nouveau gadget, symbole par excellence de modernité, a joué un mauvais tour à l'un des deux opérateurs locaux, la compagnie semi-publique Telefonica. Face aux risques de saturation de sa bande de fréquence dus à une demande supérieure à celle prévue - 80.000 nouveaux abonnés, soit une augmentation de près de 10 %, pour la seule période de Noël et nouvel an -, Telefonica a en effet décidé de s'attribuer une nouvelle bande de fréquence. Un marché espagnol très dynamique Les réprimandes du ministère chargé des Télécommunications ont obligé la compagnie semi-publique à faire marche arrière et à attendre que les autorités compétentes lui attribuent officiellement une nouvelle fréquence. La réalité commerciale n'avait pas attendu les formalités administratives. L'anecdote illustre à quel point le marché espagnol de téléphonie mobile s'est converti en l'un des plus dynamiques d'Europe. Le système GSM est venu s'ajouter en 1995 à l'analogique, qui fonctionnait déjà depuis la fin des années 80. En outre, la concurrence est apparue sur le marché. Telefonica a commencé à opérer en GSM à la fin de juillet, tandis que le consortium privé Airtel - dont les principaux actionnaires Airtouch, BT, le Banco de Santander et le Banco Central Hispano - l'a suivi, également en GSM, deux mois et demi plus tard. Mais curieusement, ces innovations qui ont permis de populariser de manière spectaculaire la téléphonie mobile ont surtout profité, en fin de compte, au système traditionnel : le nombre d'abonnés au service analogique, pour lequel Telefonica conserve le monopole, est ainsi passé de 400.000 à la fin de 1994 à 900.000 au 31 décembre. Quant au système GSM, il compte quelque 35.000 abonnés pour Telefonica et 15.000 pour Airtel. Soit au total, pour les deux systèmes, un taux de pénétration d'environ 2,5 % de la population, légèrement supérieur à celui de la France. Le succès du système analogique face à son nouveau concurrent est dû avant tout à son niveau de couverture domestique : 98 % de la population et 94 % du territoire national. Un avantage fondamental alors que l'usage du téléphone cellulaire, grâce à la baisse vertigineuse des prix, s'étend rapidement à de nouvelles couches de population plus modestes, qui n'ont guère besoin des services sophistiqués et des possibilités d'utilisation internationale que seul offre le GSM. Le nouveau système reste pour le moment essentiellement limité au monde des entreprises. Et la bataille entre Telefonica et Airtel sur ce marché se livre bien plus par l'adjonction de services supplémentaires, tels que fax, répondeur automatique ou banque de données, qu'au niveau des prix (abonnements et tarifications). Thierry Maliniak, à Madrid
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