Prisa et Lagardère prêts à s'offrir " Le Monde "

Après des semaines de conflits de personnes exacerbés boulevard Blanqui, au siège du Monde à Paris, la fièvre devrait retomber, au moins provisoirement. Le conseil de surveillance qui devait se tenir aujourd'hui est repoussé au 11 février, retardant de dix jours la démission de Jean-Michel Dumay, le président de la Société des rédacteurs (SRM) et vice-président du conseil. Les actionnaires se donnent aussi un peu de temps pour étudier la succession d'Alain Minc, président en fin de mandat, et finaliser le recrutement de David Guiraud (ex-DG des Échos) comme numéro un bis d'Éric Fottorino, président du directoire.Pendant ce temps les grandes manoeuvres pour le contrôle du groupe de presse et de son prestigieux quotidien s'engagent. Juan Luis Cebrian, le directeur général du groupe de presse espagnol Prisa (qui édite notamment El Pais), explique dans une interview publiée hier dans L'Express comment il compte prendre, avec le groupe Lagardère, " le contrôle absolu du capital " du Monde. Prisa et Lagardère, qui détiennent respectivement 15 % et 17 % du capital de la société éditrice du Monde depuis deux ans, sont liés par un pacte. Juan Luis Cebrian annonce ainsi proposer " le rachat immédiat des obligations remboursables en actions [ORA] du " Monde " arrivant à échéance en 2012, à hauteur de 35 millions d'euros pour Prisa et de 35 autres millions pour Lagardère ".DELICATS EQUILIBRES DE POUVOIRAlors qu'une recapitalisation du groupe de presse français s'annonçait pour 2009, ces deux partenaires sont prêts à résoudre l'équation financière sans attendre, et sans égard par rapport aux délicats équilibres de pouvoir qui laissaient jusqu'ici aux rédacteurs une minorité de blocage. " La Société des rédacteurs du Monde continuera à exercer son droit de veto sur le choix du directeur du journal. Mais en aucun cas sur le PDG de l'entreprise ", précise-t-il à L'Express. Didier Quillot, président du pôle presse de Lagardère, n'a pas souhaité faire de commentaires hier. Jean-Michel Dumay, le président sortant de la SRM, qui démissionnera ce soir, dénonce depuis plusieurs jours un " pacte secret " entre Éric Fottorino et Alain Minc pour faire le lit de cette prise de contrôle qui sonnerait la fin du pouvoir actionnarial du personnel.Mais rien n'est joué. Outre la résistance de la SRM, certains actionnaires externes commencent à s'inquiéter d'une prise de pouvoir par Lagardère et Prisa à bon compte. Les 70 millions d'euros évoqués pour les deux groupes paraissent à certains bien peu au regard de la valeur des actifs du groupe. Le seul site Internet du journal est estimé autour de 150 millions d'euros et l'ensemble du groupe entre 650 et 800 millions.
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