Dassault et Aerospatiale prêts pour le mariage

Ils y sont enfin parvenus. Les pouvoirs publics français devraient annoncer, sans doute aujourd'hui, par un communiqué du gouvernement, le mariage-fusion de Dassault et d'Aerospatiale. Ce ne sera donc pas l'Elysée qui s'exprimera sur le sujet, comme le pensaient de hauts responsables du ministère de la Défense. Même si les conseillers de la présidence et Jacques Chirac se sont largement engagés sur ce dossier, notamment pour les négociations patrimoniales avec la famille Dassault, dont le chef de l'Etat est très proche. Long d'une page, le communiqué de Matignon pourrait sous-entendre l'objectif de privatiser à terme le groupe - y compris via des alliances en Europe - avec la volonté de créer « un grand pôle aéronautique européen ». Le texte annoncerait le mariage des activités communes comme les bureaux d'études ou la fonction achat, et surtout emploiera le terme de fusion (même via une formule du type « rapprochement par fusion »). Un objectif conforme au voeu des pouvoirs publics, manifesté publiquement fin février par l'Elysée et le gouvernement, qui avaent fixé comme date limite pour le schéma de rapprochement le dimanche 30 juin, c'est-à-dire hier. Cela devrait court-circuiter toute ultime velléité de contrecarrer le processus de mariage pour y substituer un vague rapprochement entre les deux firmes. Un vieux projet des pouvoirs publics Lors de son passage à Matignon entre 1986 et 1988, Jacques Chirac avait été tenté de se pencher sur le dossier Dassault-Aerospatiale, activement secondé par son ministre de la Défense d'alors, André Giraud. Mais le président de la République, François Mitterrand, proche du conseiller des Dassault et ex-député RPR Pierre Guillain de Bénouville, n'avait pas donné suite. Il faut remonter à 1977-78, quand Raymond Barre était à Matignon avec - coïncidence - Jean-Yves Helmer comme conseiller industriel, en particulier sur le dossier Dassault, pour enregistrer les premières velléités des pouvoirs publics de s'attaquer au problème. Ce n'est donc sans doute pas un hasard si, aujourd'hui, ce sont Jacques Chirac et son ministre de la Défense, le barriste Charles Millon, qui ont voulu enfin faire aboutir ce dossier. Le communiqué attendu aujourd'hui ne devrait pas détailler tout le processus de la fusion. Le gouvernement devrait fixer à Dassault et Aerospatiale un délai de quelques mois, sans doute six - contre deux ans, annoncés fin février et un an espéré en fait par le gouvernement - pour se mettre en ordre de bataille. Mais les nouvelles dispositions sont prévues avec l'élaboration d'un futur holding commun Dassault-Aerospatiale. Un ensemble de 60 milliards de chiffre d'affaires Ce holding devrait être doté, à l'allemande, d'un conseil de surveillance qui serait présidée par Serge Dassault, et d'un directoire. Louis Gallois, PDG d'Aerospatiale, prendra-t-il la tête de ce dernier ? Il pourrait lui être préféré une personnalité plus proche de Serge Dassault. En revanche, le numéro deux d'Aerospatiale, Yves Michot, grand artisan du rapprochement, devrait rester, à sa demande, dans la nouvelle entité pour veiller à son bon fonctionnement. Il aurait refusé de devenir PDG de la SNPE, dont le patron, Jean-Paul Béchat, a pris la tête de Snecma. De même, le grand argentier de Dassault Aviation, Charles Edelstenne - et sans doute le patron de la technique et de l'industrie, Bruno Revellin-Falcoz - devrait aussi occuper un poste clé dans la future organisation. Celle-ci devrait rassembler de nombreuses activités communes (achats, bureaux d'études, finance, technologies...) et coiffer les lignes de produits des deux firmes : les avions de combat (Mirage, Rafale...) et les avions d'affaires de Dassault Aviation ; les satellites, les missiles tactiques, les hélicoptères, les fusées comme Ariane, les missiles nucléaires, les avions régionaux (via les parts dans les consortiums AIR et ATR) et les Airbus (à 37,9 %) côté Aerospatiale. La prochaine transformation du groupement d'intérêt économique Airbus en une véritable société pèsera dans la fusion Aerospatiale-Dassault, qui donnera naissance à un ensemble de 60 milliards de francs de chiffre d'affaires, leader aéronautique européen, devant BAe et Dasa, dont il pourrait à moyen terme se rapprocher. OLIVIER PROVOST
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