Crédit Lyonnais : Bercy remet en cause le fonctionnement du CDR

Après environ deux ans d'existence, le plan de sauvetage du Crédit Lyonnais mis en place en 1995 - jusqu'en 2014 - articulé autour du Consortium de Réalisation (CDR) montre ses limites. Hier, Dominique Strauss-Kahn a évalué officiellement les pertes potentielles du CDR à 100,2 milliards de francs, hors coûts de portage, mais en incluant le risque sur les engagements hors bilan du CDR. Insatisfaction. Le ministre de l'Economie s'exprimait sur la base du rapport qui lui a été remis par l'établissement public de financement et de restructuration (EPFR) présentant les comptes du CDR, mais aussi les siens ainsi que ses appréciations sur le fonctionnement du dispositif de sauvetage du Lyonnais. Ce rapport annuel sur les comptes, la ges- tion et l'activité de l'EPFR chiffre les pertes globales du CDR à 23,6 milliards de francs en 1996, contre 21,4 milliards en 1995. Dans ce total, les pertes nettes sur cessions atteignent 16,7 milliards, y compris les abandons de créances mais hors investissements et amortissements des écarts d'acquisition. Le rapport souligne que le taux de récupération, qui mesure les cessions effectuées sans moins-values, s'est élevé à 68 % contre 80 % en 1995. Mais ce taux traduit la cession du studio de cinéma MGM qui représente 10 milliards de pertes. Pour sa part, l'EPFR affiche un résultat net négatif de 44,9 milliards de francs en 1996 liés aux 37 milliards d'abandons de créances accordées au CDR et de provisions, et aux charges financières sur l'emprunt ayant servi au financement du sauvetage, qui a été ramené à 111 milliards. A la lumière de ces chiffres, Bercy a manifesté son insatisfaction vis-à-vis du dispositif de sauvetage : « Ceci met clairement en évidence l'ampleur de la dérive des prévisions de pertes depuis la mise en place du plan de cantonnement. En 1994, le plan prenait en compte des pertes estimées à 14 milliards de francs. Le plan de 1995 prenait en compte des pertes alors estimées à 50 milliards de francs. L'évaluation la plus récente table sur une perte de 100 milliards de francs », ajoute le communiqué de Bercy, citant le rapport. Trop complexe. « Ce document confirme l'importance des pertes que l'Etat sera amené à supporter sur les actifs détenus par le CDR », est-il encore expliqué. Et d'ajouter que « l'évolution de ces pertes tient notamment à la difficulté éprouvée pour prendre une connaissance complète des risques à la suite de la séparation stricte intervenue entre le Crédit Lyonnais et le CDR et à l'évolution défavorable du marché immobilier ». Mais aussi à « la logique liquidative du cantonnement qui a probablement contribué à déprécier les actifs ». Sans nier la difficulté de la mission du CDR et les efforts déployés par ses équipes, l'EPFR met en évidence le problème de l'organisation « trop complexe » et estime que les objectifs fixés au CDR sont contradictoires. « Celui-ci doit en effet céder ses actifs rapidement et les vendre au meilleur prix. Cela ne signifie pas pour autant qu'il doit dans l'intervalle cesser de les gérer correctement et qu'il ne doit pas mettre en oeuvre des processus de cession transparents et efficaces ». Pour l'avenir, le ministre de l'Economie a fixé trois orientations : « l'impératif de transparence » sur les comptes ; « le plein exercice de la justice », quiconsiste à demander « au président du CDR de saisir systématiquement le parquet lorsque apparaissent des affaires dans lesquelles des faits criminels ou délictueux sont susceptibles d'avoir été commis » ; enfin « une totale rigueur dans la gestion », que vérifie actuellement l'Inspection générale des finances qui fera part au ministre « de ses analyses et propositions, notamment pour permettre de simplifier le dispositif, d'améliorer son efficacité et de gérer sérieusement les finances publiques ». L. C.
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