Bouffée d'air sur l'obligataire européen

Jean-Claude Trichet donne le tournis au marché obligataire. Le 5 juin, l'annonce d'une " possible " hausse des taux avait provoqué une tension de la partie courte de la courbe obligataire européenne d'une ampleur inédite. Jeudi, en laissant entendre qu'un seul tour de vis suffirait pour le moment, il a provoqué une détente du taux à 2 ans allemand, le Schatz, le plus sensible aux anticipations de politique monétaire, de 34 points de base. Vendredi, le Schatz était à 4,40 %, contre 4,74 % jeudi matin.PERIODE DE STATU QUO Avec une échéance à 2 ans qui se rapproche du taux directeur de la BCE, le marché table désormais sur une période de statu quo monétaire. Et il prend également acte de son emballement inconsidéré du mois de juin. On a d'ailleurs presque entièrement effacé la tension qui a suivi le 5 juin. Le scénario qui avait porté le Schatz à 4,78 % le 10 juin en séance et qui prévoyait une série de durcissements de la BCE pour " casser l'inflation " est désormais exclu. Sur les taux longs, même détente. Le taux à 10 ans allemand est passé de 4,65 % mercredi à 4,50 % hier. Le 30 ans, de 4,85 % à 4,80 %. Preuve que le marché estime que la stratégie de la BCE va permettre de limiter la hausse des prix. Et que l'institution de Francfort est donc sur le point de reprendre le contrôle des anticipations d'inflation... On imagine sans peine la satisfaction de Jean-Claude Trichet à la vue de ce mouvement. Ce " rally " obligataire européen tranche singulièrement avec un marché américain, qui est bien moins convaincu par la stratégie de la Fed. Jeudi, le rendement du 10 ans américain s'est même tendu de deux points de base. En conséquence, l'écart entre les taux européens et américains s'est considérablement réduit : de 18 points de base en deux jours pour le 2 ans et de 17 points de base sur le 10 ans.La détente va-t-elle se poursuivre ? Beaucoup n'y croient pas. " La partie courte de la courbe n'offre plus de protection contre un durcissement des taux de la zone euro ", constate ainsi BNP Paribas, qui ne pense pas que la hausse de jeudi sera suffisante pour calmer la fièvre des prix. Mais à la Société Générale, on compte sur une " modération " de l'inflation dès septembre, ce qui devrait permettre un statu quo monétaire durable de la BCE. Le marché aurait alors raison.
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