La peur d'une bulle immobilière

Agir plus vite et plus fort. Tel est en substance ce qu'attendent nombre d'économistes européens d'Alan Greenspan, inquiets de l'ampleur de l'endettement des ménages américains et du déficit des comptes courants qui représente 6,4 % du produit intérieur brut des Etats-Unis. "La Réserve fédérale devrait rehausser les taux d'intérêt de manière plus brutale qu'elle ne l'a fait jusqu'à présent car l'éclatement de la bulle immobilière pourrait peser sur la richesse des ménages", prévient Jacques Mistral, ministre conseiller financier de l'ambassade de France à Washington."Voilà deux ans, la Fed a été prise d'inquiétude à l'égard de risques déflationnistes", rappelle Jacques Mistral. "Elle s'est alors engagée dans une politique visant à amortir les chocs encaissés par l'économie américaine qui, à mon sens, est allée trop loin", affirme l'expert, pour qui "les taux bas ont été prolongés au-delà du nécessaire"."Si l'on veut que le déficit courant ne progresse plus, il faut absolument resserrer les taux", estime pour sa part Anton Brender, économiste chez Dexia Asset Management. Du côté des ménages américains, jusqu'ici tout va bien, assure sa consoeur Florence Pisani, économiste du même établissement. "Le niveau des défauts sur les crédits hypothécaires se trouve à un niveau très bas car la charge de leur dette a augmenté de façon moins violente que leur endettement et que le chômage est bas", indique la spécialiste."Toutefois le flux d'endettement nouveau des ménages - soit la hausse annuelle de leur endettement ramené à leur revenu disponible - se situe à 12 % et pour être soutenable devrait être ramené vers 6 %", affirme la spécialiste. Car si elle a soutenu la consommation et, in fine, la croissance, la faiblesse des taux d'intérêt a aussi eu un effet pervers sur les ménages : depuis la mi-2003, "les ménages qui avaient pour habitude de s'endetter avec des taux fixes à trente ans contractent des crédits à taux variables qui représentent un tiers des nouveaux prêts", constate la spécialiste. Les produits innovants permettant aux ménages ne disposant pas d'apport personnel de rentrer sur le marché de l'immobilier sont légion : emprunts sur quarante ans, prêt à remboursement différé du capital, emprunt à amortissement négatif...Dans une étude récente, la Banque de France a souligné les risques du recours au crédit hypothécaire, qui grâce aux taux bas permet d'utiliser la garantie offerte par l'hypothèque d'un logement pour des fins de consommation courante. Ce système peut avoir des "effets récessifs lorsque le marché immobilier se retourne", estime l'établissement, selon qui "le principal impact" de son développement sur le moyen-long terme "risque de se résumer à une volatilité accrue de la consommation et donc de l'activité dans son ensemble".Eric Chalmet
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