Lafarge partie prenante d'une bataille brésilo-portugaise

Une nouvelle bataille agite le monde des cimentiers. Deux groupes brésiliens, le sidérurgiste CSN et le groupe de construction Camargo Correa, se disputent le plus important cimentier portugais, Cimpor. CSN a lancé une OPA en décembre, qui a commencé jeudi et sera ouverte jusqu'au 17 février, valorisant Cimpor à 3,8 milliards d'euros. Camargo Correa a contre-attaqué en proposant de fusionner ses activités de ciment avec Cimpor contre une participation de 15 % à 25 % dans le portugais. Un troisième larron, Votorantim, premier cimentier brésilien avec 45 % du marché (contre 13 % pour Camargo Correa) est sorti du bois. Mais il a précisé mardi qu'il ne visait qu'une participation minoritaire dans Cimpor, non pas une prise de contrôle.Le français Lafarge, qui détient 17,26 % de Cimpor et est présent à son conseil d'administration, suit de toute évidence cette bataille de près. Il pourrait valoriser cette participation dormante, pour ne pas dire perdante qu'il avait déjà envisagé de céder par le passé.« prédateurs »Cette bataille est très révélatrice du nouvel ordre mondial où « désormais, des ?prédateurs? venant des pays émergents surgissent sur un marché jusqu'alors dominé par les producteurs institutionnels [comme le français Lafarge ou le suisse Holcim] », relève Jean-Christophe Lefèvre-Moulenq, analyste chez CCM-CIC Securities. Mais elle a un autre aspect, tout aussi stratégique. « Personne dans l'industrie cimentière ne veut voir entrer un sidérurgiste car cela risquerait de donner des idées de consolidation à d'autres », décrypte un banquier. Or CSN aurait les poches pleines. Les dissensions entre Lafarge et les deux autres actionnaires de Cimpor, les groupes de construction Teixeira Duarte et Manuel Fino, auraient facilité l'entrée de CSN dans la bergerie.Lafarge a démenti courant janvier des informations de la presse portugaise indiquant qu'il aurait conclu un accord de vente de sa part à Camargo Correa. Certains analystes estiment toutefois que Lafarge aurait intérêt à céder sa participation. « Lafarge ne détient pas le contrôle du Cimpor. Et ce dernier réalise 40 % de son chiffre d'affaires dans des pays, l'Espagne et le Portugal, qui ne présentent pas un intérêt majeur pour Lafarge, notamment dans la conjoncture actuelle », relève Virginie Rousseau, analyste chez Oddo. « Cette cession permettait en outre à Lafarge de dépasser son objectif de désinvestissement de 1 milliard d'euros, 800 millions d'euros étant déjà annoncés, ce qui conforterait sa situation bilantielle », ajoute-t-elle. Lafarge s'est en outre ouvert, avec l'achat du cimentier égyptien Orascom, des positions bien plus fortes en Tunisie, au Maroc et en Égypte, que celles détenues par Cimpor autour de la Méditerranée.Mais si l'objectif est d'abord de faire barrage au sidérurgiste CSN, alors il est peut-être urgent d'attendre. D'autant que Lafarge connaît bien Votorantim auquel il avait vendu des actifs après l'acquisition de Blue Circle.Sophie Sanchez
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.