La papeterie de Raon planche sur des produits à forte valeur ajoutée

Moribonde il y a cinq ans au moment du dépôt de bilan du groupe Matussière et Forest, la papeterie de Raon-l'Étape (Vosges) reprise par ses cadres en 2006 retrouve des couleurs. « On produit moins, mais mieux et avec plus de valeur ajoutée », résume le directeur du site, Emmanuel Leisner, pour expliquer les raisons de ce renouveau. Spécialisée dans la production de papiers d'emballage recyclé, à usage alimentaire de 19 à 120 grammes, la papeterie a ramené sa production annuelle de 40.000 à 33.000 tonnes. « On produit du papier qui sert ensuite à fabriquer les emballages de hamburger chez McDo, le papier qui emballe le fromage ou la viande, les sacs pour les baguettes de pain, etc. », détaille Emmanuel Leisner, dont la société travaille à part égale pour la restauration et le commerce de bouche. Deux secteurs qui représentent 90 % du chiffre d'affaires arrêté en 2009 à 23 millions d'euros, dont 65 % sont réalisés à l'export. Le reste de l'activité étant développé dans l'industrie alimentaire.Toutefois l'originalité de l'entreprise est ailleurs. La papeterie de Raon (105 salariés) est totalement intégrée. Autrement dit, elle produit sa propre pâte. Pas avec du bois, mais exclusivement avec des rebus industriels, issus de l'imprimerie et de la papeterie, notamment. L'entreprise recycle également des papiers complexes type Tetra Brik, intégrant des polyéthylènes. Résultat, elle est l'unique papeterie française à produire également du plastique : 1.000 tonnes par an de granulés qui sont revendus à des plasturgistes.traçabilité chimiqueReste que l'usage de papier recyclé dans l'agroalimentaire souffre encore d'un déficit d'image. Ce qui a incité l'entreprise à aller plus loin que la loi en termes de contrôle, en garantissant à ses clients la traçabilité chimique et fibreuse de sa matière première. Une argumentation que la mode du développement durable est en train de dépasser. « Désormais, on commence à voir des clients chercher du papier recyclé pour faire de la communication », souligne Emmanuel Leisner. Une aubaine pour la papeterie de Raon, qui a profité de cette mode naissante du papier vitrine pour produire des sacs boutique. « On a également gagné des parts des marchés dans l'industrie alimentaire », souligne Emmanuel Leisner. Mais surtout, la papeterie s'est résolument engagée dans des produits à forte valeur ajoutée. « Nous travaillons actuellement avec le pôle fibre d'Épinal pour intégrer du chanvre ou du lin au papier. Ce qui permettrait d'augmenter la résistance tout en réduisant le grammage. Bref, de produire du papier plus mince à moindre coût. On cherche également à remplacer le bois utilisé en complément dans la pâte par des plantes annuelles. » Parallèlement, des recherches sont engagées avec le pole IAR (industries et agro-ressources) à Laon pour, cette fois, donner de nouvelles propriétés au papier. « L'idée étant d'établir des barrières à l'eau ou aux graisses », indique Emmanuel Leisner convaincu que c'est dans ces papiers « techniques » que la papeterie trouvera ses futurs axes de développement. nExergue
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