Les ingénieurs

Jusqu'ici tout allait bien. Courtisés par les entreprises, les ingénieurs voyaient s'ouvrir toutes les portes devant eux. Ils connaissaient un taux de chômage 2,5 fois inférieur à l'ensemble de la population active. Plus de la moitié des diplômés trouvait un emploi avant l'obtention de leur diplôme. Les places rendues vacantes, chaque année, par les départs en retraite de plus de 8.000 ingénieurs absorbaient une bonne partie de ces nouveaux arrivants. La crise a-t-elle changé la donne ? Près de 60 % des ingénieurs percevaient les effets de la crise en mars 2009 et un ingénieur sur dix craignait de perdre son emploi, selon une enquête du Conseil national des ingénieurs et scientifiques de France (CNISF). Des craintes pas vraiment justifiées, à en croire les chiffres du chômage livrés par l'étude du CNISF. Au 31 décembre 2008, seuls 3,4 % des ingénieurs étaient en recherche d'emploi contre 3,5 % un an auparavant. Des résultats qui porteraient à l'optimisme, si les récentes statistiques de l'Association pour l'emploi des cadres (Apec) ne les remettaient en question.En 2009, l'Apec a reçu un tiers d'offres d'emplois en moins par rapport à 2008 dans les services techniques, l'informatique et la recherche et développement. Une baisse inévitablement répercutée sur les ingénieurs, même s'il reste difficile de déterminer dans quelles proportions. Du côté des entreprises, on note une augmentation des candidatures spontanées. « Nous recevons plus de CV d'ingénieurs qu'auparavant, c'est sans doute dû en partie à la crise », indique Emmanuelle Capiez, DRH du groupe Assystem. Impact modéréPremiers touchés, les jeunes diplômés. Leur insertion professionnelle s'est avérée plus difficile en 2009 qu'en 2008. Rien d'alarmant néanmoins : en mars 2009, moins de 10 % des nouveaux diplômés étaient encore à la recherche d'un emploi six mois après la sortie de leurs études, contre 4 % un an auparavant. Pour leur part, les représentants des écoles relativisent. « Il ne semble pas qu'il y ait eu de rupture importante, estime Maurice Courbatieu, responsable du service Emploi & carrières de l'École nationale supérieure des arts et métiers (Ensam). Peut-être les jeunes diplômés doivent-ils passer un peu plus d'entretiens qu'auparavant ou envoyer davantage de CV, mais c'est tout. » « Il est un peu tôt pour parler de répercussion de la crise. On s'attend à une hausse du temps moyen d'embauche et à une baisse des stages », remarque sobrement Paul Jacquet, président de la Conférence des directeurs des écoles françaises d'ingénieurs (CDEFI).Au total, l'impact de la crise semble effectivement modéré. Les recruteurs en conviennent. « Les ingénieurs demeurent très convoités. Nous devons toujours aller les chercher ! » souligne Véronique Barreau, directrice du développement du cabinet de recrutement Ittaka. Si les lendemains qui chantent ne sont pas annoncés pour tout de suite, les ingénieurs restent tout de même très bien armés contre le chômage.Catherine Quigno
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