La libéralisation de l'économie a propulsé les émergents sur le devant de la scène

Comment les émergents qui, il y a encore trente ans étaient considérés comme des pays «en voie de développement» dominés par des appareils bureaucratiques, ont-ils réussi à se hisser à un tel niveau de puissance économique ? La réponse tient en plusieurs raisons.D'abord, il y a eu le phénomène des délocalisations. Confrontés à une réduction de leurs marges, les entreprises des pays développés - des secteur du textile, de l'automobile, de l'électroménager, l'électronique... - ont cherché à partir des années 1980 à rester compétitives en déplaçant leurs unités de production vers des régions qui leur offraient sur le plan des investissements, de la législation du travail et des coûts de main d'oeuvre des opportunités qui avaient disparues en Occident. Ce véritable transfert a atteint un tel point que la désindustrialisation est un problème dans les pays développés.Il y a eu ensuite la révolution industrielle et urbaine non seulement en Chine mais aussi au Brésil, en Inde dont le corollaire est une forte demande de produits de base. Ainsi, l'ex-Empire du milieu produit aujourd'hui plus du tiers de l'acier de la planète qui trouve des débouchés dans la construction des infrastructures et de l'industrie automobile. Or quel est le premier producteur mondial de minerai de fer, le produit de base de l'acier ? Le Brésil, et son entreprise Vale. Cette fringale de matières premières a fait s'envoler les prix - celui du fer a décuplé en 8 ans, le baril de pétrole est passé de 20 dollars en 2002 à 80 dollars aujourd'hui -. Surtout, ce commerce de minéraux, d'hydrocarbures, de produits agricoles (soja, blé, maïs, coton...) a développé les échanges inter-émergents : Moyen Orient, Afrique, Russie, Brésil, Argentine, Afrique du Sud, Indonésie... Le haut niveau des recettes a permis à ses pays de développer leur économie. Par exemple, les ventes de pétrole et de gaz naturel ont permis à la Russie de rembourser en un temps record ses dettes extérieures.Mais c'est surtout la libéralisation et la privatisation sans complexe de pans entiers de l'économie qui a déclenché ce boom, remettant au goût du jour le célèbre « Enrichissez-vous » de Turgot. Que ce soit en Chine avec le président Deng Xiaoping, en Russie, de façon plus chaotique avec le président Boris Elstine, en Inde avec le Premier ministre Manmohan Singh ou plus récemment au Brésil avec l'ancien syndicaliste et président Lula, la privatisation a fait s'envoler l'activité, faisant émerger des mastodontes industriels qui ont pour nom Tata, Cnooc, Petrobras, Vale, Posco... Parallèlement, les émergents ont tiré profit de la politique de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) visant à favoriser la libre circulation des marchandises à travers le monde, luttant contre toute mesure de « protectionnisme » : la fameuse mondialisation.Quant à l'avenir, les émergents représentent de formidables gisements de croissance en terme de consommation, la majorité de la population mondiale - 6,7 milliards d'individus - étant concentrée dans ces pays émergents. « D'ici cinq ans, les villes des marchés émergents représenteront 30 % de la consommation privée mondiale et plus de 60 % de la croissance mondiale» indique ainsi le Boston Consulting Group. Car outre les Bric, il faudra également compter à l'avenir avec la prochaine vague émergente : Indonésie, Turquie, Malaisie, Afrique du Sud, Mexique, Chili, ...Robert Jule
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