Certaines universités ne sont pas encore prêtes à passer à l'autonomie

La décision a fait son petit effet dans le Landerneau universitaire. Vendredi dernier, le président de l'université de Perpignan Via Domitia (UPVD), Jean Benkhelil, a annoncé avoir décidé de « surseoir au passage aux responsabilités et compétences élargies » prévu le 1er janvier 2011. Selon lui, « l'UPVD ne dispose pas des garanties et des moyens suffisants » pour passer à l'autonomie. L'université de Perpignan fera donc partie de la quatrième et dernière vague de 2012, échéance à laquelle les 83 universités devront être autonomes, en vertu de la loi LRU d'août 2007. Selon son communiqué, Jean Benkhelil, qui ne souhaite pas s'exprimer, compte mettre à profit 2011 pour « consulter » ses consoeurs déjà autonomes, mais attend aussi « un accompagnement fort et significatif de la part » du ministère de l'Enseignement supérieur, prévient-il. En fait, cette décision a été prise sur les recommandations du ministère lui-même, qui l'a jugée pas suffisamment prête notamment en matière d'organisation financière. C'est le cas aussi de l'université de La Réunion. Une demi-surprise, Perpignan et La Réunion faisant déjà l'objet d'un « suivi personnalisé » à la demande de Bercy. Ce seront donc 22 universités qui passeront à l'autonomie le 1er janvier prochain sur les 24 annoncées cet été par Valérie Pécresse (lire « La Tribune » du 9 juillet 2010), ce qui portera à 73 le nombre d'universités autonomes. Soit 90 % du total à plus d'un an de l'échéance, se félicite le ministère.RéactivitéMais au-delà de cette réussite, le cas de Perpignan (10.000 étudiants) soulève quelques interrogations. Les universités sont-elles toutes à même d'assumer l'autonomie, a fortiori quand il s'agit de petites universités de province ? « Au contraire, argue-t-on rue Descartes, les petites sont passées plus rapidement à l'autonomie. » De fait, considère Mathias Tranchant, vice-président de l'université de La Rochelle, « elles sont plus réactives. La taille et l'ancienneté ne sont pas des critères déterminants. » La Rochelle (6.800 étudiants), pour laquelle l'audit du ministère avait émis des critiques en 2008, a mis les bouchées doubles et « répondu à 80 % des attentes en trois mois », se rappelle Mathias Tranchant, précisant que la direction s'était fait élire en 2008 sur ce projet. La volonté politique joue donc beaucoup. Mais pas seulement. « Les moyens dont disposent les universités aussi », nuance Philippe Dulbecco, président de l'université d'Auvergne (15.000 étudiants), autonome depuis 2009. Il estime, comme la conférence des présidents d'université, que les moyens devraient être redéployés en fonction de l'activité et du taux d'encadrement des universités, certaines manquant d'emplois, d'autres étant surdotées. Sans quoi « l'autonomie est en péril », craint-il. C. J.
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