Lune de miel en tre Paris et Moscou

L'axe Paris-Moscou fonctionne à la perfection. C'est en sub- stance le message qu'entendent délivrer Dmitri Medvedev, le président russe, qui a entamé lundi une visite de trois jours en France, et Nicolas Sarkozy. Sans oublier les quelque 400 chefs d'entreprise des deux pays qui se réunissent ce mardi matin, sous l'égide du Medef et de l'Union des industriels et des entrepreneurs de Russie. Pour marquer cette amitié franco-russe, Laurence Parisot a prévu d'offrir au patron du Kremlin une reproduction de l'« Ours blanc » de Pompon, exposée au Musée d'Orsay - Pompon est cet ébéniste français qui présenta cette sculpture en 1922... l'année où la Russie révolutionnaire de Lénine fit appel aux capitalistes occidentaux. Presque un siècle plus tard, le président russe veut à son tour séduire les entreprises françaises, qui répondent présent. En témoignent leurs bonnes performances en termes d'implantation (les Français se classent au 6e rang, avec 8,5 milliards de dollars d'investissements et près de 500 entreprises sur place). Sur le plan des échanges commerciaux, les Français ont là aussi renforcé leurs positions, quadruplant leurs ventes à la Russie en huit ans. Avec environ 5 milliards d'euros de ventes à la Russie en 2009, ils restent cependant loin derrière les Allemands, qui ont dépassé la barre des 20 milliards d'euros d'exportations l'an dernier. La visite de Medvedev doit aussi se traduire par la conclusion de plusieurs contrats : outre un accord entre GDF Suez et Gazprom (lire ci-dessous), les milieux économiques s'attendent également à la confirmation d'un partenariat entre le groupe industriel Alstom et le constructeur de trains russe Transmashholding. Mais c'est surtout sur le plan militaire que la France marque des points, avec l'ouverture de négociations exclusives pour la vente de 4 porte-hélicoptères de type Mistral à la Russie (lire ci-dessous). « Avec cette négociation, la relation franco-russe change de nature », s'inquiète Jean-Sylvestre Montgrenier, chercheur à l'Institut français de géopolitique. Quelques mois seulement après la réintégration de la France dans les instances de décision de l'Otan, et surtout moins de trois ans après les propos très critiques de Nicolas Sarkozy, alors candidat à l'élection présidentielle, à l'égard du régime de Moscou, ce pari russe des autorités françaises peut à première vue déconcerter. « En réalité, nuance Thomas Gomard, directeur du centre Russie NEI à l'Ifri, le président français, qui avait entamé son mandat avec une position plutôt antirusse, a progressivement revu sa politique, rejoignant la diplomatie traditionnelle française à l'égard de la Russie. » les petits plats dans les grandsLe vrai changement de Nicolas Sarkozy remonte à l'automne 2007, à l'occasion d'un voyage en Russie. « Ce jour-là, le président français a rencontré un Vladimir Poutine qui était maître de ses dossiers et qui n'hésitait pas à contredire publiquement le Français », témoigne un expert. Depuis, confronté d'un côté au dédain d'un Barack Obama peu intéressé par les affaires européennes et le mépris du nouveau géant chinois, Paris joue la carte russe. Et si les autorités françaises ont mis les petits plats dans les grands pour accueillir Dmitri Medvedev, qui sera l'hôte d'un dîner d'État mardi soir, elles ménagent aussi l'autre tête de l'exécutif, Vladimir Poutine, qui avait été accueilli à Paris avec les honneurs par son homologue, François Fillon, en novembre dernier.
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