En perte de vitesse dans le logiciel pour mobile

Le flop du Kin ne signe pas forcément l'échec irrémédiable de Microsoft dans la téléphonie mobile. Google, aussi, a raté son entrée sur le marché des smartphones, avec son Nexus One lancé en janvier et écoulé à quelques centaines de milliers d'exemplaires.La vraie bataille est ailleurs, dans les logiciels qui font fonctionner les mobiles. Or, justement, le système d'exploitation de Google, Android, adopté par presque tous les grands fabricants de téléphones, a réussi une percée spectaculaire en un an, au point de rafler à Microsoft (Windows Mobile) sa quatrième place mondiale. En six ans, la part de marché de ce dernier, passé de la seconde à la cinquième place, a été divisée par trois, de 18 % à 6 %, selon les données du cabinet Strategy Analytics.« Quand il investit d'autres secteurs, c'est dans l'intention de devenir leader?: à moins de 10 % de parts de marché, Microsoft se trouve clairement en situation d'échec dans le mobile », considère Henri Tcheng, associé du cabinet BearingPoint. Le géant du logiciel « a toujours souffert dans le mobile d'une image très marquée clientèle de professionnels plutôt que grand public », analyse Carolina Milanesi, du cabinet d'études Gartner. Mais ces dernières années, c'est le BlackBerry du canadien Research In Motion qui s'est imposé chez les cadres, ringardisant Windows Mobile.Microsoft s'est laissé prendre en tenaille par le BlackBerry et ses clones en entreprises, d'un côté, et l'iPhone d'Apple dans le grand public. Pour Neil Mawston, du cabinet Strategy Analytics, « le problème de Windows Mobile est qu'il n'est pas adapté aux appareils à écran tactile », alors que les grands fabricants, notamment Samsung et LG, ont tout misé sur le tactile pour rivaliser avec l'iPhone.L'autre défaut de Windows Mobile est d'être payant, entre 5 et 15 dollars par téléphone suivant la taille du constructeur. « Il faut que Microsoft baisse le prix de la licence, car la concurrence s'est intensifiée », souligne l'expert de Strategy Analytics. Android est gratuit, Symbian est aussi devenu un logiciel libre de droit. Les fabricants de mobiles, de Motorola à Sony Ericsson, et même le taiwanais HTC, qui avait popularisé les smartphones sous Windows Mobile, se sont tous rués sur Android. Mais « Microsoft est et restera un éditeur de logiciels, c'est son coeur de métier, il n'a pas le savoir-faire de Google en matière de monétisation de l'audience et du trafic », souligne Henri Tcheng.Toute sa stratégie dans le mobile repose maintenant sur son nouveau système d'exploitation, Windows Phone 7. Les premiers appareils à en être équipés doivent sortir à l'automne, l'objectif de Microsoft étant d'atteindre 30 millions de terminaux d'ici à la fin de 2011. Il lui reste aussi à bâtir un écosystème, à attirer les développeurs d'applications pour rivaliser avec les boutiques en ligne d'Apple et d'Android.« Microsoft va mettre le paquet avec Windows Phone 7 et ça passe ou ça casse. Ils arrêteront purement et simplement les OS mobiles si ça ne marche pas », estime le consultant de BearingPoint. Pourtant, à l'heure où les usages informatiques se font de plus en plus mobiles et nomades, il pourrait s'avérer très dangereux pour son coeur de métier de déserter le terrain au profit de Google.
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