La reprise économique qui s'annonce, de nature à faire repartir les cours du pétrole à la hausse, apportera-t-elle une bouffée d'oxygène au secteur des biocarburants?? Peut-être. C'est en tout cas ce que peuvent espérer des entreprises comme GreenHunter Energy. Le plus grand producteur de biodiesel américain est actuellement, de l'aveu même de son PDG, Gary C. Evans, « en mode survie ». Sur les six premiers mois de cette année, l'entreprise a enregistré des pertes nettes de 4,3 millions de dollars. Une légère amélioration par rapport aux pertes nettes de 15,6 millions de dollars affichées sur les six premiers mois de l'an dernier, mais tout de même?violentes critiquesEntre les ouragans, qui ont immobilisé les activités de la plus grande raffinerie du groupe basée près de Houston, au Texas, la crise sur les marchés financiers, qui a privé l'entreprise d'argent frais, sans oublier l'effondrement des cours du pétrole, rendant l'activité dans le biodiesel comparativement moins attrayante, GreenHunter Energy se retrouve au bord du gouffre. Au point d'envisager de vendre aujourd'hui la raffinerie texane? D'autres entreprises du secteur, qui ont établi leur business model en se fondant, elles aussi, sur des cours du brut en pleine ascension, se retrouvent prises au même piège. Certaines ont déjà mis la clé sous la porte.Pis, la hausse attendue des cours du brut ne résoudra pas forcément tous les ennuis des producteurs de carburant vert américains. Après une première période d'engouement, ils ont été victimes de violentes critiques?: en utilisant en partie des produits pouvant servir à l'alimentation humaine et du bétail, les biocarburants de première génération renchérissent le prix de la matière première, sans oublier les craintes de retombées néfastes sur l'environnement, aussi bien en matière de fabrication que de déforestation (qui fait notamment des ravages au Brésil). À cela s'ajoute aujourd'hui le sentiment d'être lâché par les gouvernements. Alors que les directives initiales sur l'usage des biocarburants expireront en décembre prochain aux États-Unis, l'Agence pour l'environnement (EPA) n'a toujours pas édicté de nouvelles règles concernant le mélange de biocarburants à l'essence. Au contraire, en mai dernier, elle a proposé d'en pénaliser certains, en raison de méthodes de production annulant les avantages environnementaux de ces produits?Aux yeux des producteurs américains, l'Union européenne a fait pire encore. Le 7 juillet dernier, elle a imposé, pour cause de subventions contraires aux lois de la concurrence, des droits d'entrée supplémentaires sur les biocarburants « made in America ». Prévues pour cinq ans, elles privent les producteurs américains de leur seul autre débouché. Pour GreenHunter, le temps presse. L'entreprise a réussi à obtenir un délai auprès de ses créanciers, notamment de l'allemand West LB ? mais jusqu'au 15 novembre prochain seulement?

latribune.fr

03 Sept 2009, 1:50

Partager :