Forte sanction pour les « Contis »

SocialLa décision rendue hier par le tribunal correctionnel de Compiègne n'est pas de nature à ramener le calme parmi les anciens salariés de l'usine Continental de Clairoix (Oise). En condamnant six d'entre eux à des peines de prison avec sursis variant de trois à cinq mois pour avoir, en avril, saccagé la sous-préfecture de Compiègne, les juges ont provoqué de vives réactions. Hier, Xavier Mathieu, délégué CGT de l'usine qui employait 1.120 salariés, condamné à cinq mois de prison avec sursis, faisait part de sa « ranc?ur ». « On s'est battu dignement et le gouvernement a décidé de faire un exemple », soulignait-il à la sortie du tribunal. En dépit des violentes déclarations de Xavier Mathieu qui, fin août, s'en était pris à Bernard Thibault, la CGT a pris position, hier, en faveur des salariés condamnés. « D'un côté, on criminalise ceux qui luttent face aux décisions unilatérales des actionnaires. De l'autre, on fait preuve d'indulgence, voire de connivence, avec les dirigeants qui imposent leurs décisions stratégiques, sacrifiant les entreprises et l'emploi », regrette la confédération dans un communiqué commun avec l'union départementale de l'Oise et la Fédération de la chimie. Tandis que le PS exprimait sa « totale solidarit頻, Solidaires analysait ces condamnations « comme une revanche vis-à-vis de salariés qui ont mené pendant des semaines une lutte sans concession ».judiciarisationDe son côté, Jean-Claude Mailly, le leader de FO, s'inquiétait sur BFM des risques de judiciarisation. Car si le tribunal de Compiègne a infligé des peines inférieures aux réquisitions du procureur (trois à six mois avec sursis), il n'en reste pas moins que de telles condamnations sont rares dans les conflits sociaux. D'autant que les « Contis » sauront le 4 novembre le montant des dommages et intérêts qu'ils devront verser. Dans la plupart des cas, en effet, les responsables ne sont même pas poursuivis, l'exemple le plus emblématique restant le saccage du bureau de Dominique Voynet par des militants de la FNSEA en 1991. Plus récemment, les dégâts provoqués fin juin dans les locaux de la direction du port de Marseille ont donné lieu à une plainte contre X sans, pour l'instant, être suivis de poursuite. Rare exception, en 2003, l'incendie de l'usine Daewoo en Meurthe-et-Moselle avait conduit à la condamnation d'un salarié à trois ans de prison, dont dix-huit mois avec sursis en première instance. A. L.
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