Les feux de l'amour

cinémaViolence des sentiments. Passion des c?urs et des corps. « Les Regrets », le nouvel opus de Cédric Kahn, plonge, magistralement, le spectateur dans l'intimité de deux êtres, follement épris l'un de l'autre, que la vie a séparés, avant de les réunir à nouveau. « La » grande question se pose alors : peut-on retomber amoureux de la même personne des années plus tard ? Le film, bien sûr, n'apporte aucune réponse définitive. En revanche, c'est avec minutie et finesse qu'il narre les chamboulements affectifs et psychologiques provoqués par de telles retrouvailles.Mathieu Lievin (Yvan Attal), 40 ans, architecte parisien, se rend dans la ville de son enfance au chevet de sa vieille mère mourante. Là, par hasard, il croise Maya (Valeria Bruni-Tedeschi), son amour de jeunesse dont il s'est séparé quinze ans plus tôt. Très rapidement, Mathieu et Maya retombent dans les bras l'un de l'autre. Une nouvelle passion les anime. Fulgurante. Maya semble de prime abord la plus demandeuse, prête à un nouveau départ avec un homme qu'elle n'a finalement jamais oublié même si elle vit avec un autre et qu'elle est devenue mère d'une petite fille. Puis, c'est Mathieu qui semble devenir le plus « accro », disposé à tout plaquer ? sa femme (Arly Jover), son boulot ? pour partir avec Maya, désormais moins décidée.sans pathosCédric Kahn a incontestablement réussi son coup. Sans pathos, il a parfaitement su saisir cette histoire de « deuxième chance ». La psychologie des personnages est très fine, bien rendue par des dialogues subtils ? également dus à Cédric Kahn ? qui font progressivement comprendre au spectateur ce qui anime vraiment les deux protagonistes. Ainsi, on s'aperçoit vite que Maya a des comptes à régler. Certes, elle est amoureuse de Mathieu. Mais, en même temps, elle lui en veut d'être parti quinze ans plus tôt. Elle souhaite donc vérifier s'il l'aime encore, voire même, inconsciemment, prendre sa revanche et le faire souffrir à son tour. En outre, le film montre que Maya n'arrive jamais à vivre dans le présent. Elle se situe soit dans une sorte de nostalgie du passé, soit se projette dans l'avenir qu'elle rêve comme un absolu où tout doit être parfait. Un rôle d'écorchée vive impeccablement campé par une Valeria Bruni-Tedeschi à la sensibilité exacerbée. Mathieu, lui, est davantage dans le présent. Mais son comportement démontre une sorte d'immaturité affective. Yvan Attal est irréprochable dans ce rôle.Un film bien mené, haletant même, qui conduit à s'interroger sur la différence entre la passion et l'amour. D'ailleurs, est-ce vraiment de l'amour que Mathieu éprouve pour Maya ? N'est-ce pas plutôt une sorte d'obsession? Finalement, toute cette histoire n'est-elle pas qu'un rapport de force entre deux êtres ou l'un cherche à annihiler l'autre ?Et l'on ne peut s'empêcher, à l'issue de la projection, de se poser mille et une questions que l'on préfère généralement laisser enfouies au plus profond de soi, tant les réponses peuvent se révéler bouleversantes. n
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