La table tactile déployée par le bancassureur Suravenir, c'est un peu le film « Minority Report » transposée à l'univers de l'assurance-vie. Dans le rôle de Tom Cruise : le conseiller en gestion de patrimoine indépendant qui gère vos placements. En image : non pas les scènes de crimes, mais votre assurance-vie et les fonds d'investissement qui la composent.Au lieu d'être un placement abstrait, un peu obscur, le contrat est matérialisé par une photo et une succession de fiches représentant les 700 supports financiers accessibles. Vous pouvez les déplacer, les juxtaposer, les comparer d'un simple glissement de doigt.Une table basse avec un écranConcrètement l'outil qui permet cette opération ressemble à une table basse en verre avec un écran au centre. Dès votre arrivée, la table vous reconnaît lorsque vous déposez dessus votre carte bancaire ou votre téléphone mobile. Tous les contrats que vous avez souscrits et la situation de votre épargne s'affichent.Vous pouvez ensuite grâce à un sélecteur que vous manipulez avec le doigt, choisir comment répartir votre nouvel investissement entre les différents supports financiers.Un simulateur de performancePar une simple pression du doigt, une série d'une dizaine de critères peuvent être croisés entre eux et notamment par société de gestion, par horizon de placement, par niveau de risque, par catégories d'actifs (actions françaises, actions internationales, etc.).Une fois le panier de fonds choisis et la somme répartie, un calculateur simule la perfomance qui aurait été réalisée si vous aviez été investi sur cette sélection de fonds huit ans auparavant et vous indique le montant que vous auriez gagné.Si vous choisissez de souscrire un contrat et de lui appliquer cette répartition, un petit accessoire reproduisant une imprimante est posée sur l'écran et l'impression de votre contrat est lancée. Il ne vous reste qu'à le signer pour être en conformité avec la réglementation.« La signature électronique est techniquement possible avec l'envoi du contrat dans la boîte mail du client mais aujourd'hui ce n'est pas reconnu comme valable par les tribunaux », précise Olivier Nigen, directeur du développement de Suravenir, filiale d'assurance-vie du Crédit Mutuel Arkéa.Transparence et convivialitéL'ensemble pèse 80 kg car le pied en verre noir dissimule caméras et ordinateur. Le logiciel de Suravenir conçu pour la table tactile « peut aussi fonctionner sur un écran tactile d'ordinateur », indique Vincent Bastide, directeur marketing secteur financier de Microsoft France. Pour un coût moindre (200 euros par écran tactile) un plus grand nombre de commerciaux peut donc être équipé.Mais le simple écran reste « moins convivial que la table tactile », estime Vincent Bastide. L'avantage de la table est de permettre à plusieurs personnes (conjoints, parents, enfants...) de se placer autour : de participer aux choix et à la visualisation.« Cela répond aussi au souhait de transparence des clients », selon Olivier Nigen de Suravenir. Et pour le rendez-vous suivant avec le conseiller en gestion de patrimoine, la table l'enregistre automatiquement (grâce au bluetooth) sur l'agenda du téléphone mobile du client.Des ventes en hausseLes tables tactiles mises en place aux États-Unis chez les concessionnaires BMW ont, selon Microsoft, entraîné une hausse des ventes. Et chez un opérateur de téléphonie la fréquentation des agences a grimpé de 30 %.« Il y a moins d'attente. En posant les téléphones sur la table, on obtient immédiatemment les comparaisons des performances des deux téléphones », explique Vincent Bastide de Microsoft France. En automobile, en déposant l'échantillon du revêtement intérieur choisi sur la table, l'image de la voiture équipée du cuir ou du tissu apparaît instantanément.Toute la question est de savoir si les acheteurs d'assurance-vie seront aussi séduits par cet outil commercial et s'il les incitera à ouvrir davantage de contrats. C'est le pari de Suravenir.Lancement en septembreLa table tactile sera officiellement présentée par Suravenir aux conseillers en gestion de patrimoine indépendants fin septembre lors du salon professionnel Patrimonia. Une poignée d'entre eux sera équipé par l'assureur afin de tester le prototype jusqu'à la fin de l'année. Le coût d'achat de 10.000 euros par table est alors assumé par l'assureur.Dans l'avenir, les conseillers en gestion de patrimoine indépendants qui voudraient s'en procurer, devraient donc débourser cette somme. « Mais d'autres formules sont envisageables », indique Olivier Nigen. L'assureur pourrait par exemple acheter des tables et les confier en location à des conseillers en gestion de patrimoine. « Si l'utilisation des tables tactiles conduit au surcroît d'activité que nous attendons, tout le monde sera gagnant », ajoute Oliver Nigen.Adaptées à une clientèle et des produits haut de gamme, les tables tactiles seront réservées à la vente par des conseillers en gestion de patrimoine indépendants avec lesquels Suravenir travaille. L'assureur commercialise aussi ses produits dans le réseau bancaire de sa maison mère, le Crédit Mutuel Arkéa; sur Internet et par le biais de partenaires comme des banques privées, des mutuelles ou des grands distributeurs.À la pointe des nouvelles technologiesEn adoptant la table tactile avant tout le monde, Suravenir veut rester à la pointe de l'innovation. Sa maison mère le Crédit Mutuel Arkéa revendique déjà avoir été la première banque à proposer des prestations sur minitel en 1982. Suravenir permettait dès 1993, sur le 3614 du minitel, la simulation, la souscription et le versement d'argent en ligne sur un contrat d'assurance-vie.En 1997, le même groupe bancaire récidivait en créant le premier site bancaire transactionnel sur Internet et dès 2000 sa filiale de bourse en ligne Symphonis lançait un contrat d'assurance-vie spécial web avec souscription et arbitrage en ligne.Un nouvel outil commercialPlusieurs banques et assureurs du marché français s'intéressent à cette table tactile. Ainsi, la maison mère de Suravenir, le Crédit Mutuel Arkéa mène une « réflexion » sur la déclinaison de cette table dans l'univers bancaire. Pour sa part L'assureur Groupama teste deux tables depuis le début de l'année 2010, mais uniquement dans le cadre d'un diagnostic retraite. Il utilise de petits personnages et accessoires (façon playmobil) équipé d'un « tag » informatique reconnu par la table tactile pour rendre le sujet plus ludique et interactif.

latribune.fr

03 Juill 2010, 2:47

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