La RATP favorite face à la SNCF pour mettre la main sur Systra

L'affaire n'est pas encore bouclée, mais elle paraît beaucoup mieux engagée pour la RATP que pour la SNCF. Selon nos informations, les conclusions du rapport concernant l'avenir de Systra, filiale commune aux deux entreprises publiques spécialisée dans l'ingénierie de transport urbain et ferroviaire, sont très favorables à la Régie. Remis il y a une quinzaine de jours à Jean-Louis Borloo, ministre de l'Écologie, et Dominique Bussereau, secrétaire d'État aux Transports, ce document « présente un dispositif conclusif très clair : Systra doit revenir à la RATP », indique une source très proche du dossier. Une conclusion plutôt surprenante, alors que certains pensaient que la SNCF serait privilégiée, au vu de sa taille et du passé du rapporteur, Jean-François Bénard, qui fut directeur général de la SNCF et de Réseau Ferré de France. Commandé en mai à ce grand connaisseur du monde ferroviaire aujourd'hui à la Cour des comptes, ce rapport devait permettre au gouvernement d'y voir clair, dans une situation compliquée et très conflictuelle (voir « La Tribune » du 1er juin 2010). Pas facile, il est vrai, d'avoir une ingénierie en commun quand on est dans le même temps concurrent, notamment à l'international. En 2003, la SNCF et la RATP, qui détiennent chacune 36 % de Systra, le reste appartenant à un consortium bancaire, avaient déjà cherché à divorcer. Il y a plusieurs mois, la SNCF a voulu rouvrir le dossier, avec la ferme intention de faire de Systra son outil d'ingénierie. Champion à l'internationalLa RATP, de son côté, voyait les choses différemment, d'autant que Systra réalise 80 % de son chiffre d'affaires dans l'urbain. Il a même été question qu'Egis, filiale de la Caisse des dépôts et consignation, entre dans le jeu. Plusieurs solutions ont donc été étudiées par le rapporteur qui devait analyser la meilleure voie pour construire un champion à l'international. Selon une analyse multicritère réalisée pour chaque candidat potentiel à la reprise de Systra, « la RATP réalise un score de 30 points, la SNCF de 18 points et Egis de 12 points », note l'expert. La proposition faite aux pouvoirs publics est donc la suivante : la RATP achète la part détenue par la SNCF, sur la base d'une valeur d'entreprise estimée à 150 millions d'euros. La Régie se donne aussi la possibilité de reprendre la part détenue par les banques. Le groupe RATP fusionnera Systra et Xelis, sa propre filiale d'ingénierie et pourra aussi apporter son ingénierie interne. Alors que la RATP avait déjà commencé à nouer des relations avec le cabinet d'ingénierie Cetec, un partenariat industriel avec ce dernier, qui reposerait sur des participations croisées, pourra aussi être envisagé. Le rapporteur souligne néanmoins que la décision qui sera prise sera une première étape. « Nous allons connaître des affaires à rebondissements », assure un très bon connaisseur du sujet. Chacun des groupes est appelé à continuer de se développer. Une alliance est ainsi notamment envisageable entre Egis et l'ingénierie de la SNCF. Sur la base de ce rapport, le gouvernement va devoir prendre une décision rapidement. On murmure qu'une réunion pourrait être organisée en septembre. Les recommandations seront-elles suivies ? « Elles tentent plutôt de régler un problème d'ego que de répondre à celui de la concurrence internationale », conclut un expert.
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