Les « fermes de contenus » : des articles low-cost pour attirer la publicité en ligne

Fermes de contenus ou usines à infos, voire sites poubelles... Quand les journalistes rendent compte de ce nouveau mode de production d'information sur le web, c'est souvent pour le dénigrer. Mais Demand Media, start-up californienne qui s'appuie sur un algorithme pour déterminer les sujets d'articles qui feront cliquer les internautes, est évaluée autour de 1,5 milliard de dollars. Yahoo ! vient de racheter pour 100 millions de dollars Associated Content, qui revendique près de 2 millions d'articles mis en ligne, écrits par plus de 300.000 contributeurs depuis 2005. Ces nouveaux venus sont donc en train de prendre du poids sur l'Internet aux États-Unis.Le modèle de la ferme de contenus consiste à faire produire à des internautes qu'elle rémunère, des pages web dont les sujets sont automatiquement déterminés pour correspondre aux « mots-clés » les plus recherchés dans les moteurs de recherche. Elle tire ses recettes de la vente de liens publicitaires associés à ces articles. Son seul mot d'ordre est donc de « générer du clic », afin de se prévaloir de son audience auprès des annonceurs.En Europe, le créneau est investi par deux acteurs : GoAdv, groupe franco-italien qui annonce 42 millions d'euros de chiffre d'affaires pour 17 millions de visiteurs mensuels ; et le canadien Suite101, avec des bureaux à Berlin, Paris et Madrid, revendiquant près de 30 millions de visiteurs mensuels dans le monde.générer des clicsContrairement à GoAdv qui travaille aussi avec Yahoo!, la branche France de Suite101 (700.000 visiteurs mensuels) a pour seule source de revenus la plate-forme publicitaire de Google, AdWords, ce qui la rend très dépendante du géant américain.S'autoproclamant « communauté d'experts », Suite101 France tente de se démarquer  : plutôt qu'une rémunération fixe par article, comme chez Demand Media et GoAdv (de 5 à 30 euros), le groupe reverse à ses 1.400 rédacteurs sélectionnés un pourcentage des recettes générées par les clics sur les liens publicitaires autour de leurs articles (en moyenne, 2,5 euros pour 1.000 lectures) ; il leur propose même une « formation » à l'écriture sur Internet, dispensée par ses 10 éditeurs salariés - des journalistes de profession - qui valident les articles. Mais leurs conseils portent surtout sur les moyens d'apparaître en tête des listes affichées par les moteurs de recherche, ce qui revient finalement au même que « l'algorithme dit que », une formule de Luca Ascani, directeur de GoAdv. Les deux concurrents se retrouvent ainsi sur « les sujets atemporels, qui ne dépendent pas trop de l'actualité  » que recommande Jérémy Reboul, directeur de Suite101 France : voyage, mode, défiscalisation...La nature des contenus produits oscille entre le guide pratique d'un amateur (« Comment nettoyer vos baskets après un footing », sur Livestrong, sous-marque sport & santé de Demand Media), et la page Web fantôme où les articles ne sont que des enchaînements de mots-clé sans intérêt. Dans les deux cas, au moins un quart des éléments affichés sont de la publicité. Cela n'a pas empêché le quotidien « USA Today », le plus gros tirage de la presse américaine, de conclure un accord avec Demand Media qui lui produit la rubrique « Astuces de voyage » de son site Internet. Michaël Cal
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