Les écolabels bois prennent racine

La filière bois, souvent montrée du doigt ? à tort ou à raison ? pour ses contre-performances écologiques, réagit. De plus en plus d'industriels et de distributeurs adoptent des écolabels certifiant que leurs produits sont issus d'exploitation et de process de transformation respectant des normes de gestion durable de la forêt. « Je vous assure qu'il ne s'agit pas de ?greenwashing? », indique d'emblée le directeur commercial du groupe Clairefontaine Michel Febvet, qui fut l'un des responsables du programme d'adoption par la société en juillet 2005 du rigoureux label international FSC (Forest Stewardship Council).« Aujourd'hui, 95 % de nos pâtes à papier ? les différentes unités de Clairefontaine produisent 260.000 tonnes de papier ? sont couvertes par l'une des deux principales chartes en vigueur », poursuit-il. Et les critères de gestion durable des ressources en bois (une dizaine pour le FSC) définis par ces écolabels, très exigeants et contrôlés par des auditeurs externes, doivent être parfaitement « tracés » par les industriels. « Nous devons être en mesure d'attester que tel ou tel cahier, telle ou telle ramette de papier ont bel et bien été fabriqués par l'un de nos sites de production agréés, que la matière première provient d'un acheteur de pâtes homologué, qui s'est bien approvisionné auprès d'une exploitation forestière labellisée », précise Michel Febvet. Ce dernier reconnaît que cette démarche est née d'une posture défensive. « Les papetiers ont une image écologique détestable dans l'opinion alors qu'ils réalisent depuis de nombreuses années d'importants efforts en matière environnementale. Par ailleurs, les grands appels d'offres publics et privés, qu'ils soient français ou internationaux, intègrent dans nos métiers des normes environnementales de plus en plus contraignantes. La profession n'avait donc plus le choix. »Selon Marie Vallée, ingénieur forestier conseil auprès de FSC France, « l'intérêt des industriels et des distributeurs pour notre label va croissant. Les marques d'intérêt et les demandes d'information ont été multipliées par dix mais la France accuse encore un certain retard ». En effet, à ce jour, seulement 15.000 hectares de surface forestière française ont adopté l'écolabel FSC. Une misère comparée aux 4,2 millions d'hectares revendiqués par le label concurrent, le PEFC (Programme for the Endorsement of Forest Certification schemes). Tandis que l'écolabel FSC, créé en 1993, a été historiquement porté par des ONG militantes (Greenpeace), la charte PEFC a été créée en réaction en 1999 par des forestiers et des industriels européens, qui jugeaient le label FSC peu adapté aux contraintes et aux caractéristiques de certaines forêts.plan de communicationDepuis, la guerre fait rage entre ces deux écolabels. Le FSC revendique une implantation internationale puissante et le soutien des opinions publiques. Le PEFC, tout de même présent dans une quarantaine de pays, s'appuie sur la confiance des industriels et des forestiers, notamment de la puissante filière scandinave. « Il faut relativiser cette concurrence », nuance Marie Vallée. La mise en place de procédures de reconnaissance mutuelle devrait permettre aux professionnels de dépasser ces rivalités. Selon Michel Febvet, « il n'y a pas de très grandes différences qualitatives. D'ailleurs, nous travaillons chez Clairefontaine avec ces deux écolabels à 50-50 en fonction des marchés ». Alors que le FSC est surtout conçu pour les forêts de vaste étendue, les plans de gestion PEFC sont notoirement mieux adaptés aux caractéristiques de la forêt française, qui se caractérise par un morcellement important des exploitations, soulignent les industriels. Par ailleurs, le label PEFC n'intègre pas la prise en compte des besoins des populations indigènes, un détail qu'apprécient les exploitants des forêts vosgiennes ou landaises?Toutefois, des efforts supplémentaires doivent être faits sur le plan de la communication, reconnaissent en ch?ur les responsables de ces standards encore confidentiels. Le FSC, qui ne pouvait rester de bois, a ainsi promis qu'il allait prochainement lancer une campagne d'affichage.
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