Carrefour va payer cher sa restructuration en Belgique

Le coût de la grève entamée le week-end dernier dans les magasins belges de Carrefour augmente. Il s'élèverait à 40 millions d'euros, selon le quotidien belge « L'Écho ». Contacté par « La Tribune », le distributeur n'a pas souhaité commenter ce chiffre. « Le coût de la fermeture des 117 magasins samedi dernier est de 14 millions d'euros », s'est contenté de répéter son porte-parole. Mais l'addition risque d'être plus salée encore pour le numéro deux de la distribution alimentaire en Belgique.Les syndicats envisagent de reconduire leur grève nationale pour protester contre la fermeture de 21 des 117 magasins intégrés de l'enseigne d'ici au 30 juin et la suppression de 1.672 emplois. Et, mercredi, en marge du conseil d'entreprise extraordinaire consacré à la restructuration, les salariés grévistes de l'enseigne ont empêché l'ouverture de 6 magasins.Dans cette filiale où 90 % des salariés sont syndiqués, le bras de fer avec les partenaires sociaux promet d'être rude. Tout le pays garde en mémoire le scandale soulevé par la fermeture de l'usine Renault à Vilvoorde en 1999 et ses 3.100 licenciements. Et l'intention de Carrefour « d'aligner les barèmes de rémunération sur ceux de la concurrence » passe fort mal. « L'argument selon lequel le coût horaire du travail serait de 20 % plus élevé que chez Colruyt ne tient pas la route. Car Colruyt a distribué 23 millions d'euros de participation à ses salariés. Ce dont Carrefour n'a pas tenu compte dans ses comparaisons », tranche Chris Opdebeeck, consultant du bureau d'études anversois Marketing Map.image médiocreAvec cette annonce, après des années d'errements stratégiques, l'image du français va encore se détériorer. Le groupe n'a jamais réussi à redresser GIB depuis 2000, date de l'entrée de cette chaîne dans son giron. « Le groupe était au bord de la faillite », a souligné Carrefour. Et, après dix ans d'efforts, 27 de ses 56 hypermarchés sont encore déficitaires. Et 25 de ses 61 supermarchés sont dans le rouge. Son image auprès de la clientèle reste médiocre. Ses magasins sont perçus comme sales. Surtout, la concurrence avec Colruyt, le trublion belge de la distribution, lui a été fatale. Si bien que le français a perdu la place de numéro un du marché en 2008. Il en détiendrait désormais 24,5 %, derrière Colruyt (24,7 %) et devant Delhaize (21,5 %), selon Marketing Map.« Carrefour n'aurait jamais dû reprendre GIB », juge tout de go Chris Opdebeek. Fin 2008, il voulait même jeter l'éponge, en cédant sa filiale à CVC Capital Partners. Avant de se raviser faute d'entente sur le prix, a révélé récemment le journal « Le Soir ». Finalement, en septembre, Lars Olofsson, le directeur général de Carrefour, a dépêché Gérard Lavinay, ex-patron des supermarchés Champion en France, pour remettre la filiale sur pied. Il entend convertir les supermarchés GIB (378 dont 61 en propre) en Carrefour Market et les 191 supérettes exploitées en franchise en Carrefour Express. Une enveloppe de 300 millions d'euros d'investissement lui a été accordée d'ici à fin 2012. Juliette Garnie
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