Ingenico quitte le statut de proie pour celui de... prédateur

Après la stratégie défensive, la tactique offensive. Ingenico a annoncé jeudi le lancement d'une émission d'Oceane (obligations convertibles et/ou échangeables en actions nouvelles ou existantes), pour un montant de 220 millions d'euros, susceptible d'être porté à 250 millions. Que va faire le fabricant français de terminaux de paiement, numéro un mondial du secteur, avec cet argent ? Allonger la maturité de sa dette et financer des opérations de croissance externe, indique Ingenico. Qui revêt ainsi à nouveau l'habit de prédateur, alors qu'il avait endossé celui de proie en décembre, à la faveur d'une offre d'achat formulée par le conglomérat américain Danaher.L'affaire avait fait grand bruit, l'État français ayant opposé son veto à l'opération, au travers du groupe d'aéronautique Safran, premier actionnaire d'Ingenico avec 22,5 % du capital, et lui-même détenu à 30 % par l'État. Ce dernier avait justifié son intervention par le caractère « stratégique » d'Ingenico pour l'industrie française.Aujourd'hui, le dossier est clos, « il n'y a pas de discussion autour d'une quelconque évolution de la structure capitalistique d'Ingenico », a insisté Philippe Lazare, PDG du groupe, lors de la publication, lundi, d'un bond de 48 % du bénéfice net d'Ingenico, au titre de 2010, à 39,6 millions d'euros, pour un chiffre d'affaires en hausse de 29 %, à 907 millions. Renversant les rôles, le dirigeant s'est dit « prêt à saisir les nouvelles opportunités d'acquisition qui pourraient se présenter. » Au chapitre des cibles, s'il est un domaine qui intéresse Ingenico, c'est bien celui de la gestion des transactions électroniques, dans lequel il se diversifie depuis deux ans afin de profiter d'un marché en pleine expansion et d'accroître sa rentabilité. Fin 2009, Ingenico avait ainsi mis la main sur l'allemand Easy Cash, pour 290 millions d'euros.Soif de conquêteSans exclure une nouvelle opération d'aussi grande envergure, le groupe devrait privilégier au cours des prochains mois des acquisitions de quelques dizaines de millions d'euros, sur des marchés de niche, et plus particulièrement en Asie. Où Ingenico avait racheté, mi-2010, la société singapourienne Transfer To, spécialisée dans le transfert de comptes mobiles prépayés. Une certitude : Ingenico a les moyens d'étancher sa soif de conquête, avec une dette nette limitée à 20 % des fonds propres. Christine Lejoux
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.