Nouveau pacte : les parlements en Europe ne sont pas dans le même espace-temps

Les Européens vivent-ils dans le même espace-temps à Paris, Bruxelles et Berlin ? A tendre l\'oreille successivement dans les couloirs du pouvoir de chacune de ces trois capitales, on est tenté de se le demander.A Paris, la gauche au gouvernement s\'écharpe sur la ratification du traité budgétaire européen. Une majorité de députés écologistes et une minorité de socialistes annoncent que, lors du vote attendu en octobre 2012, ils voteront contre en raison principalement de la disposition phare du traité : la règle d\'or, qui tend à ériger l\'équilibre des budgets publics en principe constitutionnel.Règles budgétaires communesAu même moment, à Bruxelles, on ne parle pas de l\'adoption de ce traité... mais de sa mise en œuvre et des suites qu\'il pourrait avoir. En cette rentrée, la commission des Affaires économiques et monétaires du parlement européen, qui reçoit ce lundi le président de la Banque centrale européenne (BCE) Mario Draghi et trois commissaires européens, planche sur les « eurobonds » et la mise en œuvre de la surveillance des budgets nationaux au niveau européen. Le débat sur le principe de cette surveillance, qui agite tant Paris, a déjà eu lieu chez eux au cours des douze derniers mois. Il a précédé le vote de la réforme du Pacte de stabilité et de croissance, autrement dit les règles budgétaires communes aux membres de l\'union monétaire, laquelle constitue 90% de la substance du traité budgétaire que s\'apprêtent à voter les députés français.Enfin, à Berlin, ce mois de septembre restera comme celui où l\'idée d\'une Convention pour réformer, en grand cette fois, le fonctionnement de l\'Union européenne aura été lancée. Le ministre des finances Wolfgang Schaüble, en accord avec la chancellerie, plaide pour que son principe et son format soient arrêtés avant la fin de l\'année.Déni de démocratie?Pour résumer, Paris vit cette rentrée à l\'heure de 2011, Bruxelles de 2012, tandis que Berlin a déjà basculé en 2013. Cet asynchronisme est évidemment dangereux. Il est aussi passablement agaçant pour les députés français fraîchement élus qui sont réduits à regarder le train passer. S\'agit-il d\'un déni de démocratie ? Plutôt d\'un choc des légitimités entre le pouvoir européen et le pouvoir national. C\'est aussi la marque des insuffisances du régime politique français où la toute puissance de l\'exécutif soustrait à l\'attention des élus les développements de la politique européenne. Berlin, où la chancelière va devant le Bundestag demander un mandat avant chaque sommet européen, n\'a pas ce problème.Une minorité dans la majorité de gouvernement française a-t-elle raison de mener le combat contre la règle d\'or ? On serait tenté de répondre par cette blague en forme d\'échange entre un ingénieur allemand et un haut fonctionnaire français. Alors que le premier lui montre une récente invention, le second lui répond : « En pratique, apparemment, çà marche. Mais en théorie ? »Il y a pas mal de raisons théoriques pour critiquer la règle d\'or. Mais en pratique, ce débat-là détourne les représentants politiques français des sujets actuels, comme l\'interprétation de cette fameuse règle d\'or, ou le prochain « nouveau traité ». 
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