La Grande-Bretagne sous l'?il de deux économistes En frappant durement l'économie britannique, la crise a non seulement révélé ses fragilités, en particulier sa trop grande dépendance à la finance à risque et à l'immobilier, mais a aussi cassé le modèle qui avait fait sa force depuis Margaret Thatcher : celui d'un État hedge fund. Telle est la conclusion du livre de Patrick Artus et Alexis Garatti, deux économistes de banque. Alors que les gouvernements avaient assuré une bonne visibilité aux investisseurs étrangers en maintenant une dette publique en deçà de 40 % de PIB et une faible pression fiscale, la dette publique a explosé et les impôts ne peuvent qu'augmenter. Alors que l'État avait construit sa crédibilité en restant « low profile », son rôle tend à devenir de plus en plus important. Alors que la force de la livre lui permettait d'importer pas cher, l'effondrement de sa monnaie appauvrit encore plus ses consommateurs? Si les auteurs dressent une liste exhaustive et instructive des retournements de l'histoire de l'économique britannique de ces dernières décennies, on regrettera que leur propos reste cantonné à une pure vision d'économistes. Pour devenir un vrai livre sur le Royaume-Uni, sa vitalité et ses fragilités, il manque à ce livre le regard de l'historien comme du sociologue. V. S.« Pourquoi l'Angleterre a perdu. La faillite d'un modèle économique et social », de Patrick Artus et Alexis Garatti, Éd. Perrin, 256 pages, 16,90 euros.PME : Plaidoyer pour un esprit de « meute » Chacun sait que les petites ou très petites entreprises françaises sont les plus créatrices d'emplois. Et les plus fragiles lors des coups de tabac conjoncturels. Pourtant, notre obsession pour les entreprises du CAC 40 nous fait oublier qu'un vivier existe où le dynamisme et l'esprit d'entreprise bousculent les idées reçues. À condition que l'esprit de « meute » concurrentiel l'emporte sur la quête individuelle du succès et sur l'appel frileux à la protection des pouvoirs publics. Ce sursaut, sous forme de « clusters » ou grappes d'entreprises, de « système productif local » ou de « pôles de compétitivit頻, est récent. Dans « Survivre à la crise », Pierre d'Ornano et Denis Bachelot l'illustrent au travers de multiples histoires. Cela va du textile à la Cosmetic Valley dans le sud et l'ouest de l'Île-de-France, en passant par le Silicon Sentier, au c?ur de Paris. Bien sûr, ces « solidarités actives » ne sont pas simples à nouer. Et les « pôles de compétitivit頻 ont connu leur part de chasseurs de subventions? Mais pour ces acteurs, souvent hauts en couleur, que les auteurs ont interrogés, l'État ou l'Europe ne doivent pas se considérer comme des « moteurs » mais des « accompagnateurs », pour qu'émergent ces chefs d'entreprise « fédérateurs » sans lesquels l'avenir de ces entreprises est compté. Surtout en France. F. C.« Survivre à la crise », de Pierre d'Ornano et Denis Bachelot, Éd. Bourin, 323 pages, 25 euros.Consommation et morale Le sociologue britannique d'origine polonaise Zygmunt Bauman s'est fait connaître ces dernières années grâce au concept de « société liquide ». Celui-ci caractérise la modification des liens sociaux dans la société de consommation mondialisée, en particulier ceux entre hommes et femmes, qui seraient de l'ordre de l'impalpable, face à l'impossibilité de les établir plus solidement avant qu'ils ne se distendent. Dans son dernier ouvrage, « L'éthique a-t-elle une chance dans un monde de consommateurs ? », il approfondit sa thèse. En partant du danger que ferait paradoxalement planer un « consommateur satisfait » sur une société dont l'organisation vise au seul but de « satisfaire le consommateur », c'est-à-dire à susciter chez lui le désir incessamment renouvelé de consommer, il repense à nouveaux frais la place de l'éthique dans nos sociétés modernes à travers de multiples exemples. R. Ju.« L'Éthique a-t-elle une chance dans un monde de consommateurs ? », de Zygmunt Bauman, Éd. Climats, 220 pages, 22 euros.

latribune.fr

04 Sept 2009, 1:38

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