Kipling dans la jungle de Londres

Qu'allait-il faire dans cette galère ? Le jeune Rudyard Kipling débarque à Londres en 1889 pour rencontrer ses lecteurs et les journalistes qui ont encensé ses premiers contes et nouvelles. Novice, il affronte alors les dangers d'une jungle bien plus dangereuse que celle de son Inde natale : les cercles littéraires de Londres où les éditeurs peu scrupuleux côtoient des critiques tout-puissants. Kipling dérange car il fait souffler un vent nouveau dans l'atmosphère confinée des milieux littéraires britanniques.Ce « Mariage de Kipling » est une vraie réussite signée François Rivière, journaliste au « Figaro littéraire ». Il s'est focalisé sur quelques années cruciales dans la vie de l'auteur du « Livre de la jungle » et de « Kim », prix Nobel de littérature en 1907.C'est un être fragile et torturé qui évolue sous la plume inspirée de Rivière. Pour comprendre ses failles, ce dernier emploie un procédé narratif astucieux : en parallèle à la vie londonienne de l'écrivain, nous suivons le travail de Georgina Craik, une romancière amie de la famille chargée par un quotidien anglais de raconter les premières années du jeune prodige. Où l'on découvre que le garçon a très tôt été arraché à l'Inde, sa terre natale, pour vivre dans une famille d'accueil anglaise, ce qui a terni à jamais l'image de la « mère patrie ».Le jeune homme prête le flanc à la critique dans l'Angleterre pudibonde de la fin du XIXe siècle. Son goût immodéré pour l'opium, sa propension à fréquenter les bas-fonds et à rechercher les amitiés viriles n'améliorent pas le jugement de ses contemporains.Étrangement, Kipling trouve le salut au contact d'Américains installés à Londres : le grand romancier Henry James qui est saisi par son talent. Et surtout Wolcott Balestier qui devient son agent littéraire et veille sur ses droits éditoriaux outre-Atlantique. Une amitié forte mais fugace lie les deux hommes avant que Kipling ne s'éprenne de sa soeur, la douce et dévouée Caroline...Laurent Pericone « Le Mariage de Kipling » de François Rivière. Robert Laffont, 250 pages, 20 euros.
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