Espagne ? : le paradis fiscal du foot menacé

L'Espagne va cesser d'être un paradis fiscal pour les footballeurs étrangers. Tout au moins ceux de l'élite, c'est-à-dire ceux dont le revenu dépasse 600.000 euros par an?: ils ne pourront plus bénéficier d'une disposition promulguée en 2004 et qui assurait pour une durée de six ans aux immigrés de haut vol, indépendamment de leur salaire, un taux unique de l'impôt sur le revenu de 24 %. Dorénavant, ils seront soumis, comme Monsieur Tout-le-Monde, au taux marginal, qui est de 43 % pour cette tranche de revenus. La mesure, toutefois, n'entrera en vigueur que le 1er janvier prochain et n'aura pas d'effet rétroactif?: elles n'affecteront donc pas les embauches spectaculaires de ces derniers mois, comme celles de Cristiano Ronaldo et Kaká pour le Real Madrid, ou de Zlatan Ibrahimovic ou de Lionel Messi pour le FC Barcelone. Adoptée par le Parti populaire, qui voulait ainsi attirer en Espagne les chercheurs étrangers et autres professionnels de haut rang, cette mesure a profité surtout aux footballeurs. Elle est connue à Madrid comme la « loi Beckham », l'international anglais David Beckham ayant été l'un des premiers à en bénéficier lorsqu'il jouait au Real Madrid.menace de grèveLa mesure a permis aux grands clubs espagnols (ce sont eux qui, dans la plupart des cas, payent les impôts de leurs joueurs d'élite) de procéder à des recrutements multimillionnaires en profitant de moindres coûts fiscaux. En Europe, cette concurrence déloyale a provoqué plus d'une protestation, notamment dans un pays comme l'Italie, dont le championnat est de fait devenu moins attractif pour les stars du ballon rond.Rien d'étonnant donc si les responsables de la Ligue de football professionnel espagnole (LFP) ont immédiatement protesté, et brandi dès hier une menace de grève. La LFP a convoqué pour demain matin une assemblée générale extraordinaire « qui pourrait décider d'une journée de grève immédiate de la Liga », a déclaré son vice-président, Javier Tebas. Le président de Liga, José Luis Astiazarán, a assuré pour sa part que l'élimination de ce bénéfice fiscal risque de mettre fin à la « Ligue des étoiles », ce qui se traduira, selon lui, par une baisse des droits audiovisuels et par un moindre intérêt des sponsors.Mais à l'heure où le gouvernement demande à tous de se serrer la ceinture, il devenait difficile de justifier auprès de l'opinion publique le maintien d'un telle générosité fiscale pour une caste de privilégiés dont les salaires frôlent, pour les mieux payés, les 10 millions d'euros.Thierry Maliniak, à Madrid
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