Obama se convertit au « China-bashing »

Pas de panique ! Au terme de deux semaines où l'essentiel des sujets de crispation entre Washington et Pékin a fait l'objet d'échanges très secs entre les deux capitales, Robert Gibbs, le porte-parole de la Maison-Blanche, s'est voulu rassurant. « Il n'y a pas un sujet ayant été commenté [dans la presse] au cours des deux dernières semaines qui n'ait été abordé en face à face entre les présidents Obama et Hu lors de leur rencontre à Pékin », en novembre, a-t-il assuré. La visite ce mois-ci à Washington du dalaï-lama, les ventes d'armes d'un montant de 6,4 milliards de dollars à Taiwan, le refus par Pékin de sanctionner Téhéran en raison de son programme nucléaire et le yuan qui, selon l'Institut Peterson pour l'économie internationale, reste sous-évalué de 40 % face au dollar, sont donc autant de dossiers ayant déjà été évoqués au plus haut niveau et qui ne sauraient provoquer de crise bilatérale. Google menace de quitter l'empire du Milieu« Nos intérêts coïncident dans de nombreux domaines et entrent parfois en collision à propos d'une poignée de sujets. Nous nous attendons à résoudre ces problèmes comme cela a été le cas par le pass頻, a déclaré Philip Crowley, le porte-parole du département d'État. Le responsable a martelé que la relation entre les deux pays est « remarquablement stable », et souligné « l'importance vitale » de leur lien économique. Reste que quelques semaines après que Google a menacé de quitter l'empire du Milieu et que la secrétaire d'État, Hillary Clinton, a appelé la Chine à lever sa censure sur Internet, la tension a monté d'un cran avec les ventes d'armes à Taiwan. La semaine dernière, Pékin a suspendu ses échanges militaires avec les États-Unis et promis des « sanctions appropriées envers les sociétés américaines impliquées », à savoir Sikorsky Aircraft, Lockheed Martin, Raytheon et McDonnell Douglas (groupe Boeing). Surtaxe sur les pneusAlors que la Chine est le premier détenteur de bons du Trésor américains, le directeur adjoint du département du Travail du Parti communiste chinois (PCC), Zhu Weiqun, a évoqué sans nuance des sanctions liées à la visite du dalaï-lama. « Si le président américain choisit de rencontrer le dalaï-lama, cela nuira à la confiance et à la coopération bilatérale et cela n'aidera pas les États-Unis à surmonter la crise économique actuelle », a-t-il déclaré. L'heure n'est pas à l'apaisement non plus à Washington, où Barack Obama a prévenu mercredi que son administration allait « se montrer plus dure sur le respect des règles existantes » en matière de commerce, et exercer une « pression constante sur la Chine et d'autres pays pour qu'ils ouvrent leur marché de façon réciproque ». L'hôte de la Maison-Blanche, qui n'a pas hésité à imposer une surtaxe de 35 % sur des pneus importés de Chine, n'envisage toutefois pas de mesures protectionnistes, car « ce serait une erreur de [nous] priver de ce march頻.Outre les contentieux portés devant l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et l'irrespect de la propriété intellectuelle que viennent encore de dénoncer les éditeurs de logiciels de la Business Software Alliance, le gouvernement américain reproche à Pékin d'avoir relâché son effort sur le yuan, exprimant tour à tour son exaspération et son relatif optimisme. Obama veut que « les prix de [nos] biens [exportés en Chine] ne soient pas artificiellement gonflés, et que les prix de leurs biens ne soient pas artificiellement réduits ». Le secrétaire au Trésor, Timothy Geithner, estime qu'il est « vraisemblable » que la Chine intervienne pour revaloriser le yuan, car c'est dans son « intérêt ». Pékin a pour sa part dénoncé des « accusations infondées » au sujet de sa monnaie. 2010, une année dure L'année 2010 a démarré de façon tendue, mais, d'ici à la fin décembre, les occasions de s'écharper ne manqueront pas, prévient Douglas H. Paal, ancien conseiller à la sécurité nationale de Ronald Reagan et de George Bush père. Sur son blog, ce chercheur au Carnegie Endowment for International Peace avertit que 2010 « constituera une année dure pour les relations sino-américaines ».Il est probable que « la Chine, prête à investir lourdement dans le secteur énergétique iranien » penche plutôt en faveur de considérations économiques que diplomatiques. De plus, « à l'approche des élections de mi-mandat » qui auront lieu aux États-Unis en novembre, « les disputes commerciales devraient proliférer ». Dès avril, le ton sera donné. Pékin choisira alors, ou non, de participer au sommet sur la dénucléarisation organisé par Barack Obama. À l'occasion d'un rapport biannuel, le Trésor américain annoncera de son côté s'il juge, comme l'y engage le Congrès, que Pékin manipule sa monnaie.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.