Numericable ose une stratégie offensive

Pierre Danon, le président de Numericable, le reconnaît : il aimerait avoir des poches plus profondes. D'une part, pour ne plus être réveillé en pleine nuit par les 3,34 milliards d'euros de dette que porte encore le câblo-opérateur. Et surtout, pour pouvoir concurrencer plus frontalement les opérateurs de télécoms ou de télévision payante, dont les capacités financières se chiffrent en milliards d'euros. Bien au-delà des 200 à 250 millions que le groupe Numericable peut investir chaque année tout en continuant à payer ses créanciers.En attendant un éventuel règlement du problème de la dette (lire ci-dessous), le groupe doit faire avec les moyens du bord et donc se « montrer plus innovant que les autres », admet Pierre Danon. Un exemple ? « L'abonnement triple-play (Internet-TV-téléphone) à 29,90 euros par mois est une idée géniale. Mais tous les clients n'ont pas forcément besoin d'avoir les trois services et ils veulent avoir le choix », explique le président de Numericable. D'où la création de forfaits à la carte. Le premier, à 24,90 euros pour la TV et un accès Internet à très haut débit, « a fait un flop », confie Pierre Danon. En revanche, celui à 19,90 euros (Internet, téléphone et TNT) a fait « un carton », assurant la moitié des ventes de nouveaux forfaits Internet au quatrième trimestre, soit environ 50.000 abonnés. une boutique 3DAu dernier trimestre 2009, dans les zones couvertes par le câble, soit environ un tiers de la France, Numericable affirme détenir 22 % du marché de l'accès Internet, 28 % en ajoutant les clients Darty, ce qui, selon lui, en fait le numéro un devant les 25 % de SFR. Autre « innovation », dans la télévision payante. « Afin de venir chatouiller la position dominante de CanalSat », mais aussi pour « les consommateurs qui ne sont pas satisfaits de la qualité de la télévision par ADSL », Numericable lance un bouquet à 19,90 euros par mois. Dans les paris sportifs, Numericable a conclu un accord avec BetClic qui permettra, d'ici la fin de l'année, à ses clients de parier sur le match qu'ils sont en train de regarder à la télévision, simplement avec les touches de la télécommande. « Techniquement, nous sommes prêts », affirme Pierre Danon. Enfin, selon le président de Numericable, qui dit avoir été bluffé par « Avatar », la « vraie révolution, c'est la 3D ». Si les contenus sont encore rares, le groupe pense pouvoir mettre en place d'ici la fin de l'année une boutique de vidéos 3D (films, documentaires...) à la demande.Mais pour accéder à ces contenus numériques extrêmement lourds, les consommateurs ne peuvent pas se satisfaire de l'ADSL et ont besoin d'un accès à très haut débit. Or, si dans la TV, la vidéo à la demande ou les paris, Numericable peut se contenter de partenariats, le déploiement de réseau en fibre optique nécessite des dizaines de millions d'euros d'investissement. France Télécome;lécom a par exemple prévu de dépenser 2 milliards d'euros en cinq ans. Numericable ne peut évidemment s'aligner. « savoir-faire »Mais il assure qu'avec son réseau câblé, il pourra dès Noël prochain raccorder un million de foyers parisiens au très haut débit. « Nous serons également actifs pour porter la fibre optique dans les foyers », répond Pierre Danon, aux critiques qui rappellent que le réseau de Numericable n'est pas en fibre optique de bout en bout, contrairement à ceux des opérateurs de télécoms. Et puis, sourit Pierre Danon, sans nommer SFR ou Free, « monter des câbles dans les immeubles, nous savons faire depuis longtemps, à la différence d'autres, novices en la matière... ».
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