La ville de Detroit tente de concurrencer la Silicon Valley

Adieu « Motor City », bonjour « Silicon City » ? La ville de Detroit, dans l'État du Michigan aux États-Unis, semble avoir envie de changer de surnom. Connue pour abriter les sièges sociaux des constructeurs automobiles américains Ford et General Motors (GM), Detroit est pourtant en train de devenir la ville des États-Unis qui crée le plus d'emplois dans la high-tech, jusqu'alors chasse gardée de Palo Alto et autres agglomérations de la Silicon Valley, sur la côte Ouest des États-Unis. Selon le cabinet de recrutement Dice Holdings, les entreprises de Detroit ont proposé au total 800 emplois par jour dans ce secteur en février. Un nombre qui a doublé par rapport à février 2010.Pourquoi cet appétit de Detroit pour les talents de la high-tech ? L'explication réside dans la mutation de l'industrie automobile, de plus en plus consommatrice d'électronique, qu'il s'agisse des radios sur Internet remplaçant dans les véhicules les bons vieux autoradios, ou des batteries lithium-ion, qui équipent les voitures électriques et hybrides. Les experts en « cloud computing » (informatique à distance) et en logiciels pour équipements mobiles sont désormais les profils les plus recherchés par les entreprises du Michigan.À tel point que celles-ci n'hésitent pas à débaucher des ingénieurs travaillant dans des sociétés de la Silicon Valley, et à courtiser les étudiants des universités californiennes de Stanford et de Berkeley, réputées pour la qualité de leur enseignement en hautes technologies. Ford et GM n'ont même plus besoin d'aller systématiquement si loin pour recruter les pointures de la high-tech, certaines entreprises du secteur commençant à ouvrir des filiales dans la région des Grands Lacs.Les investisseurs suiventC'est le cas du géant de l'Internet Google, dont le siège est situé à Mountain View, en Californie, mais qui a désormais un bureau à Birmingham, dans le Michigan, afin de travailler plus étroitement avec l'industrie automobile. De la même façon, les fournisseurs de services d'écoute de musique en ligne (streaming) Pandora et Mog, originaires de Californie, ont élargi leur implantation à la région de Detroit. Au-delà des entreprises, des fonds d'investissement spécialisés dans les technologies de l'information et de la communication prennent eux aussi leurs quartiers à Detroit, afin de placer leur argent dans les sociétés d'informatique à distance, de logiciels, qui émergent dans la région. Les fonds de capital-risque ont investi 80 millions de dollars dans treize jeunes pousses de Detroit, en 2010, selon la National Venture Capital Association.Mais « Motor City » n'aura jamais certains atouts dont dispose la Silicon Valley. À commencer par le climat. Si encore Detroit et les autres villes du Michigan pouvaient proposer des salaires supérieurs aux rémunérations offertes par les Apple, Google et autres cadors de la high-tech californienne... Mais non. Car la crise du secteur automobile américain, qui a vu GM frôler la faillite, n'est pas si lointaine. Conséquence, et bien que le salaire moyen proposé à Detroit pour des postes high-tech ait progressé de 2,3 % en 2010, il n'excède pas 71.445 dollars annuels, selon Dice Holdings. Soit un montant inférieur de 28 % aux 99.028 dollars proposés en moyenne dans la Silicon Valley. Qui n'est donc pas près de perdre son attrait auprès des Larry Page et Mark Zuckerberg en puissance.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.