La Chine pousse le yen à la hausse

Le dollar ne faisant plus recette comme parade à l'aversion au risque - l'euro est remonté au dessus de 1,26 -, c'est le yen qui a pris le relais. Au grand dam des autorités japonaises qui, par la voix du ministre des Finances, Yoshihiko Noda, déclarent surveiller très attentivement les évolutions des taux de change. Sous-entendu, si la monnaie de l'archipel venait à trop s'apprécier, mettant en péril une fragile reprise tirée par les exportations, la Banque du Japon pourrait bien être sollicitée pour intervenir sur le marché des changes. Bien que l'archipel ait interrompu sa pratique de gestion très interventionniste du taux de change du yen depuis 2004, les opérateurs pourraient prendre peur si la monnaie nippone franchissait durablement le seuil de 87 pour un dollar, un point haut de sept mois brièvement enfoncé en milieu de semaine dernière. D'autant qu'un certain nombre de stratèges changes commencent à pronostiquer une montée en puissance du yen jusqu'à son record historique de 79,75 pour un dollar, pulvérisé au printemps 1995. A l'époque, le Japon, sous la menace du super 301 américain - le détonateur des sanctions commerciales - brandi pour pratiques déloyales, n'avait d'autre choix que de laisser sa monnaie s'apprécier.C'est également un événement extérieur qui aujourd'hui pourrait favoriser une amplification de la hausse du yen. La Chine s'est découvert un appétit d'ogre pour le bon du Trésor japonais, depuis qu'elle se défie des emprunts d'État de la zone euro et tente d'alléger son portefeuille de dette américaine. Statistiques ponctuellesSelon le ministère des Finances japonais, la Chine a acquis entre début janvier et fin avril un montant net de 541 milliards de yens - 6,2 milliards de dollars - de titres nippons, en majorité à court terme mais aussi à dix ans, sous forme de JGB, alors qu'elle avait été vendeuse nette de 78,7 milliards de yens en 2009. Cette somme atteint en quatre mois plus de deux fois les achats réalisés sur l'ensemble de 2005, comptabilisée comme l'année record des achats obligataires chinois, qui est aussi celle de la réévaluation du yuan. Si cette tendance se poursuit et surtout si elle fait école dans les autres pays d'Asie, les pressions à la hausse du yen ne manqueront pas de s'intensifier. Les économistes de Barclays Capital tempèrent néanmoins ce scénario en soulignant d'une part qu'il ne s'agit que de statistiques ponctuelles, qui plus est relevées au plus fort de la crise de la dette européenne, et d'autre part que le Japon reste acheteur net de titres étrangers. Tant que le pays du soleil levant restera exportateur net de capitaux, le yen devrait rester à l'abri d'achats spéculatifs débridés. Et d'expliquer sa hausse récente par le niveau élevé de l'aversion au risque. La Chine s'est découvert un appétit d'ogre pour le bon du Trésor japonais, depuis qu'elle se défie des emprunts d'État de la zone euro.
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