Mediator : « Il faut changer les hommes plutôt que les structures »

STRONG>François Autain, sénateur CRC (Communiste Républicain Citoyen) de Loire-Atlantique, président de la mission d'information sur le MediatorVous auditionnez ce mardi Jean-Philippe Seta, directeur opérationnel des laboratoires Servier, puis Jacques Servier jeudi 10 mars. Qu'allez-vous leur demander ?Je voudrais qu'ils m'aident à comprendre pourquoi leur laboratoire n'a pas eu le même comportement dans tous les pays. Pourquoi le Mediator n'a-t-il pas été commercialisé aux États-Unis et au Royaume-Uni, ni dans aucun pays d'Europe du Nord ? Pourquoi a-t-il été rejeté par les autorités belges, lors sa demande d'approbation en 1977 ? Il semblerait également que les Espagnols n'aient pas eu à le retirer, car Servier n'a pas demandé le renouvellement du produit, après un cas de valvulopathie en 2002 : pourquoi ? Et en Italie, dans quelles conditions le retrait a-t-il eu lieu ?Après un mois d'auditions, quel est votre sentiment sur cette affaire ?La question de l'emprise de l'industrie pharmaceutique sur le système, et surtout celle des liens d'intérêts, est centrale. Ce n'est pas seulement une question de transparence. Il ne suffit pas que les experts publient leurs liens d'intérêts pour que ceux-ci disparaissent ! Il faudrait que les experts stoppent leurs liens avec l'industrie à partir du moment où ils siègent dans des commissions. Même le Leem [syndicat patronal de la pharmacie, Ndlr] y est favorable. Ensuite, il faut se mettre d'accord sur la période durant laquelle un expert ayant travaillé pour l'industrie ne peut siéger dans une commission.N'est-ce pas une vision manichéenne des choses : le public contre le privé ?Attention, je ne dis pas que les industriels ne doivent pas vendre leurs médicaments, c'est leur métier. Mais ils n'ont pas à juger eux-mêmes de la qualité de leurs produits !Quelle est la responsabilité des médecins, qui ont souvent prescrit le Mediator comme coupe-faim, en dehors de son indication d'antidiabétique ?30 % à 50 % des prescriptions de Mediator ont eu lieu hors AMM (autorisation de mise sur le marché). Mais les médecins, eux aussi, se refilent la patate chaude. Les généralistes disent que ce sont les spécialistes les responsables...Qu'allez-vous proposer pour réformer l'Afssaps (Agence des produits de santé) à l'issue de la mission d'information, fin mai ?Le rapport de l'Igas l'a souligné : l'Afssaps est culturellement et structurellement en conflit d'intérêts. Les experts sont juges et partis ! Ce sont donc les hommes qu'il faut changer, plutôt que les structures. Nous demanderons notamment le départ d'Éric Abadie [conseiller scientifique à l'Afssaps et président du comité d'évaluation de l'Agence européenne du médicament, Ndlr] : il est passé, sans transition, de l'industrie (laboratoire Wellcom) aux instances d'évaluation. La question du financement de l'Afssaps passe en second. Nous proposerons aussi de transférer la mission de fixation des prix du Comité économique des produits de santé, à l'assurance-maladie. De la même façon qu'elle passe des conventions avec les médecins, elle devrait pouvoir le faire avec les laboratoires. Propos recueillis par A. T.
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