L'éditorial de Muriel Motte

Après la crise de confiance dans l'euro, la tornade sur les actions européennes et l'accès de faiblesse de Kabuto-chô, il ne manquait plus que ça, un krach technologique à Wall Street. Non pas un effondrement des valeurs « techno », comme il y a dix ans. Mais un krach dû à la techno, aux algorithmes, au trading à haute fréquence, aux plates-formes alternatives. Bref, à la nouvelle façon de négocier des ordres en Bourse. Jeudi soir, en dix minutes, 1.000 milliards de dollars de richesse se sont soudainement, et momentanément, évaporés de la première place boursière au monde. Plus de 1,3 milliard de titres ont engorgé les systèmes d'acheminement des ordres (six fois la moyenne habituelle) précipitant les indices dans une glissade vertigineuse, et le cours de Philip Morris dans une chute aux enfers de... 95 %. La violence du mouvementQu'on se rassure : les gendarmes des marchés américains, la SEC et la CFTC, mènent l'enquête et, en plein vote de la nouvelle régulation financière, les membres du Congrès réclament déjà des comptes. Des auditions sont programmées mardi à la Chambre des représentants pour faire la lumière sur ce plongeon suspect. Ce qui affole l'actionnaire de la rue, c'est la violence du mouvement (près de 10 % de chute des grands indices en quelques minutes) largement entretenue par des logiciels en folie.Car ce qui est en cause, c'est le fonctionnement même des marchés. Le New York Stock Exchange (Nyse) et son célèbre parquet de Wall Street, tout comme le Nasdaq, assurent aujourd'hui moins de 30 % des transactions sur les actions cotées sur leur propre marché (80 % il y a dix ans). Le solde est la proie d'une cinquantaine de réseaux concurrents, tous électroniques, qui se livrent une concurrence acharnée pour attirer les fameux « traders à haute fréquence » qui, eux, représentent 60 % des échanges sur l'ensemble des actions américaines. Leur référence est la nano ou la milliseconde, le temps pour acheter ou vendre des actions. A cette vitesse, bien malin qui peut détecter un ordre aberrant.Encadrer ces pratiques Cela fait des mois que des parlementaires américains veulent encadrer ces pratiques de marché. En pleine campagne pour les élections mid-term de novembre, les sénateurs tiennent un nouvel argument contre le diable de Wall Street. La Bourse de New York est plus pragmatique. Elle continue de miser sur une valeur sûre : l'homme. Lorsqu'un titre s'emballe, les spécialistes de Wall Street reviennent aux transactions manuelles. Mais jeudi, cela n'a pas suffi à empêcher le plongeon des actions.
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