Quand Wall Street s'affole

998,50 points. Jamais le Dow Jones n'avait connu une telle déconvenue en cours de séance... jusqu'à ce jeudi. A 14h40, heure de New York, les écrans des salles de marché de Wall Street se sont affolées. En net recul sous le poids des craintes sur les dettes souveraines européennes, les valeurs américaines ont littéralement décroché. Certaines de plus de 90% au point de laisser la valeur de marché de sociétés comme Accenture, Boston Beer ou encore Exelon à seulement 0,01 dollar par action. En seulement dix minutes, quelque 1,3 milliard de titres auraient été échangés. C'est six fois le volume habituel. Et la remontée a été toute aussi brutale.. Au final, le Dow Jones a conclu en baisse de 3,3% à 10.520,32 points, après avoir cédé jusqu'9,19%. Que de sueurs froides et peut-être de millions de dollars perdus!!Gros doigtPeur panique dans le sillage des difficultés budgétaires européennes ? Erreur humaine ? Problème de gestion des carnets d'ordres par les bourses américaines ? Les bourses comme les régulateurs cherchent à comprendre. La rumeur a couru qu'un trader de Citigroup aurait confondu millions et milliards en tapant un ordre initialement prévu à 16 millions ? un gros doigt dans le jargon financier -. Citigroup a indiqué jeudi soir enquêter sur cette rumeur, mais n'avoir aucune preuve de cette transaction erronée.« Le fait que le marché revienne en arrière aussi brusquement montre clairement qu'il s'agit d'une aberration », a estimé Larry Leibowitz, directeur exécutif chez NYSE Euronext (dont les propos étaient rapportés par Bloomberg). « Lorsqu'un ordre de taille importante ou une série d'ordres arrive sur des marchés électroniques, ils n'ont pas vraiment de moyens de vérifier s'il y a une erreur ou de les ralentir pour attirer la liquidité appropriée en contrepartie ». Transactions annuléesDevant tant d'anomalies, le Nasdaq a décidé d'annuler toutes les transactions effectuées entre 14h40 et 15h00 signifiant une variation de cours de plus de 60% à la hausse comme à la baisse par rapport à leur dernier prix juste avant 14h40. « Une décision sans appel », a précisé l'opérateur boursier. 286 valeurs seraient concernées. Pour autant, les échanges n'ont pas été interrompus. Sur le seul NYSE, il aurait fallu 1.050 points de baisse sur le Dow Jones pour déclencher les coupe-circuits. Et encore. Après 14h00, il n'y a plus d'interruption possible, à moins d'une chute de 2.150 points qui signifie la fermeture immédiate du marché pour le reste de la journée. Mais le NYSE a tout de même tenté de calmer le jeu. Intervention humaineSur Procter & Gamble par exemple, le NYSE est passé du mode exécution automatique des ordres à un mode en fixing, avec intervention humaine. Une réservation à l'européenne en quelque sorte. Cela laisse le temps au spécialiste de la valeur en question de trouver la liquidité appropriée et évite, selon l'opérateur une volatilité farfelue.Mais il n'empêche les autres places d'exécution de poursuivre sur leur lancée. Avec à la clé des aberrations. Au même moment, l'action Procter & Gamble a pu ainsi coter 56 dollars sur le NYSE et tomber jusqu'à 39,37 dollars sur d'autres plates-formes électroniques. Volatilité mal géréeCe qui pose des questions en matière de régulation sur la gestion des coupe-circuits et de seuils réservations dans un univers de négociation fragmenté. Du côté de NYSE Euronext, on estime que l'accident de parcours de jeudi est avant tout une histoire de volatilité mal gérée sur les plates-formes électroniques et moins une question de vitesse sur les marchés. Les plates-formes alternatives, y compris de ce côté-ci de l'Atlantique, n'ont pas de seuils de précaution.Programmes automatiquesReste que les politiques ne l'entendent de façon là. Les programmes informatiques de trading (algorithmes), qui permettent de saisir le moindre décalage de cours en un temps infime, et les traders à haute fréquence, ont probablement accéléré cette chute vertigineuse. Paul Kanjorski, en charge du sous comité Marchés de capitaux à la Chambre des représentants, a décidé de convoquer une audition dès mardi sur ce qui a bien failli se transformer en un krach boursier.
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