Cadbury refuse de se laisser croquer

La guerre des bonbons est ouverte. Le géant américain Kraft Foods (Toblerone, Suchard, LU?) a proposé de racheter le britannique Cadbury (Hollywood chewing-gums, Stimorol, chocolat Poulain?), pour 10,2 milliards de livres (11,7 milliards d'euros). L'idée a été immédiatement rejetée par le conseil d'administration de Cadbury, qui juge le prix « fondamentalement sous-évalu頻.Pour Kraft, numéro deux mondial de l'alimentaire, un tel rapprochement, donnant naissance à un géant de 50 milliards de dollars de chiffre d'affaires, se situerait dans la logique de la consolidation du marché des sucreries de ces dernières années. La fusion l'an dernier entre Mars et Wrigley (chewing-gums, dont Freedent?) a soulevé la question d'une éventuelle réaction des concurrents. Avec Cad-bury, Kraft reviendrait dans le secteur de la confiserie, à la hauteur de Mars, avec environ 15 % du marché mondial. Pour rappel, l'américain avait aussi acheté à Danone les biscuits Lu en 2007.Kraft juge les deux groupes parfaitement complémentaires. Ainsi, leur implantation géographique est très différente : Kraft est le leader américain, tandis que Cadbury, bien que 5 fois plus petit, est très présent dans des pays émergents, notamment dans l'ancien empire britannique. « Cadbury nous donnerait une solide porte d'entrée en Inde, par exemple », indique Irene Rosenfeld, PDG de Kraft. Elle cite également la Russie et la Chine, où le britannique est beaucoup plus développé. En Europe aussi, les recoupements sont faibles, ce qui éviterait de trop gros risques de position dominante.Fortes synergiesLe rapprochement permettrait aussi des économies, estimées par Kraft à 625 millions de dollars d'ici trois ans. « La taille, dans l'industrie alimentaire, est de plus en plus importante », estime Irene Rosenfeld. Elle cite des synergies à trois niveaux : dans la fabrication, la distribution, et le marketing.Enfin, Kraft mettrait la main sur un Cadbury « allég頻, qui s'est débarrassé de sa division boissons ? financièrement moins juteuse ? il y a deux ans. L'entreprise britannique est également à mi-chemin d'un plan drastique de recentrage sur ses marques les plus profitables et de réduction de ses coûts, qui commence à produire ses fruits.Mais Cadbury juge cette tentative de rachat « opportuniste », Kraft tentant d'utiliser la faiblesse actuelle des cours de Bourse. L'offre ? libellée à 40 % en cash et le reste en échange d'actions ? valorise le britannique à 11 fois son excédent brut d'exploitation (EBE). Or « Mars avait payé 18 fois l'EBE pour Wrigley », rappelle William Hobbs, analyste chez Barclays. La réaction boursière indique que le marché croit à une offre plus attractive, voire à une surenchère (lire ci-dessous).Le premier pas d'hier pourrait donc n'être qu'un début. Irene Rosenfeld, PDG de Kraft, soulignait qu'elle allait « laisser le sujet reposer quelque temps » avant de repasser à l'attaque. La guerre des confiseurs est donc loin d'être finie?Éric Albert, à Londre
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