Le yen à un plafond de 15 ans face au dollar

La Banque du Japon a maintenu son taux directeur à 0,1 % à l'issue de sa réunion et n'a pas pris de nouvelles mesures concernant le soutien à l'activité, les dernières, prises dans l'urgence à l'issue d'un conseil extraordinaire, ne remontant qu'au 30 août. En revanche, Masaaki Shirakawa et les « sages » de la banque centrale de Tokyo ont lancé un nouvel avertissement sans frais aux investisseurs tentés par l'achat de yens. La BoJ a suggéré qu'elle pourrait fournir davantage de liquidités aux marchés et a souligné que la volatilité du taux de change du yen, plutôt que son niveau, pourrait peser sur les perspectives de croissance. Il faut dire que le yen ne connaît pas de répit. En dépit de la menace de la Banque du Japon, la monnaie de l'archipel s'est retrouvée propulsée mardi à un nouveau point haut de quinze ans face au dollar, se hissant jusqu'à à 83,52. L'attrait du yen est renforcé par les attentes croissantes de mise en place de nouvelles mesures d'assouplissement monétaire de la Réserve fédérale américaine, qui amortissent le rôle de valeur refuge du dollar, qu'il partageait avec la monnaie nipponne. une décennie de déflationLes acteurs du marché des changes qui s'autocensuraient depuis le 24 août, date à laquelle le yen avait pour la dernière fois brisé son plafond de quinze ans, sont passés à l'acte, forts de deux certitudes. D'abord, la Banque du Japon, en dépit de son discours musclé, est réticente à intervenir sur le marché des changes. Et quand bien même elle déciderait de rompre la trêve en vigueur depuis le début du mois de mars 2004, en adoptant à nouveau une politique de change interventionniste, elle n'aurait comme seul pouvoir que de tenter de lisser les mouvements du yen et non de calmer la fièvre acheteuse. L'échec retentissant de la Banque Nationale suisse pour freiner la hausse de son franc au printemps dernier est là pour lui rappeler qu'une banque centrale isolée n'a pas les moyens de contrer les forces d'un marché sur lequel il s'échange désormais 4.000 milliards de dollars par jour. Lequel franc suisse a pulvérisé mardi un nouveau record de vigueur face à l'euro à 1,2844. Ensuite, la BoJ sait fort bien que ses homologues du G7, et à fortiori du G20, ne sont pas disposées à un assaut coordonné sur le marché des changes, qui serait la seule chance - bien que très hypothétique - de succès d'une intervention concertée. Enfin, la Banque du Japon a conscience que même si le yen devait s'attaquer au record historique de 79,75 pour 1 dollar, pulvérisé en avril 1995, les compteurs ne sont pas aujourd'hui les mêmes qu'à l'époque. Pour effacer une décennie de déflation au pays du Soleil-Levant, il faudrait que le yen monte nettement plus haut face au billet vert pour égaler le record de 1995. Compte tenu de l'écart d'inflation cumulé entre les États-Unis et le Japon depuis cette date, le cours du yen se situe actuellement au moins 25 % en dessous de son point haut d'il y a quinze ans.
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