Les cinq défis de Sanofi-Aventis en 2011

? Réinventer la rechercheTrois ans après les déboires de l'Acomplia, deux nouvelles sont venues fin janvier relancer les doutes sur la recherche et développement (R&D) de Sanofi : les difficultés de l'anti-arythmique Multaq, soupçonné d'endommager le foie, et l'échec d'une étude de phase III (la dernière) sur le « BSI-201 » contre le cancer du sein. La molécule était issue de BiPar Sciences, une des premières sociétés rachetées par le directeur général de Sanofi, Chris Viehbacher, au printemps 2009. « Le reste du portefeuille est peu garni : l'anticancéreux Jevtana n'a rien d'innovant et l'antidiabétique lixisénatide va arriver sur le marché bien après le Victoza de Novo Nordisk, lancé en juin 2010 », assène un analyste parisien. L'arrivée en décembre d'Elias Zerhouni, scientifique mondialement reconnu, pour chapeauter la R&D, est de bon augure. « Mais il faut du temps pour modifier un portefeuille », souligne un proche. Seule solution pour pallier rapidement le manque d'innovation : nouer des accords à l'extérieur ou racheter des médicaments déjà existants, comme les médicaments orphelins et les anticancéreux de Genzyme. ? Réussir l'intégration de GenzymeAprès sept mois de traque, Sanofi semble plus près que jamais de l'emporter. Nombre d'observateurs s'attendaient d'ailleurs, ce mardi, à une annonce couplée avec les résultats annuels, détaillant le montant des synergies et le mode de financement. « 77 ou 78 dollars par action, somme sur laquelle les deux parties semblent pouvoir s'entendre hors certificat de valeur garantie [complément de prix portant sur le médicament Lemtrada, Ndlr], constitue à peu près le seuil de création de valeur », apprécie Éric Le Berrigaud chez Raymond James. Sans compter l'effet positif sur le bénéfice net par action, estimé « entre 2 % et 5 % » d'ici à 2013 par l'un de ses confrères. Restera ensuite à gérer l'absorption d'un groupe de plus de 12.000 salariés. « Si Sanofi achète 100 % de Genzyme, c'est pour l'intégrer entièrement, quitte à créer une branche biotech dédiée », souligne un expert. ? Doper le cours de BourseCes incertitudes pèsent sur l'action. Sanofi a reculé de près de 13 % en Bourse l'an dernier, quand l'indice Dow Jones Santé (30 valeurs du secteur) n'a cédé que 2,5 %. « La valorisation du groupe reflète ses difficultés à afficher des perspectives de croissance pour les trois à quatre prochaines années. Il ne se paie que 7,4 fois nos prévisions de bénéfices 2011, contre une moyenne de 11,5 fois pour les grands groupes pharmaceutiques (inclus le danois Novo Nordisk) », détaille Éric le Berrigaud.? Convaincre en interneLes syndicats dénoncent 2.800 suppressions de postes depuis deux ans et Chris Viehbacher doit convaincre, tout au moins dans des fonctions clés comme la recherche, où les réorganisations à marche forcée - suppression des échelons hiérarchiques, réorientation vers la biotech - sont difficiles à supporter. « Les salariés souffrent », s'emportent les syndicats qui ont prévu de manifester ce mercredi avec les visiteurs médicaux, également mis à mal. L'intégration à venir de Genzyme ne rassure guère. « À Vitry-sur-Seine [Val-de-Marne, où Sanofi construit une usine de production biotech, Ndlr] les salariés s'inquiètent pour le centre de recherche également prévu », indique un syndicaliste. « Le rachat de Genzyme serait le moment idéal pour annoncer de nouvelles réorganisations », confirme un gérant. ? Poursuivre la diversificationSanofi ne peut pas se contenter de Genzyme. Le laboratoire aura perdu 20 % de ses revenus d'ici à 2013, soit près de 6 milliards d'euros, quand la biotech attend moins de 4 milliards d'euros de ventes en 2011. « Le groupe devra poursuivre des acquisitions ciblées, dans ses domaines thérapeutiques de prédilection [cancer, diabète] ou les compléments alimentaires », pronostique Claude Allary, associé au cabinet Bionest. 2011 sera aussi l'année de l'intégration du pôle santé animale du groupe (5,3 milliards de dollars de ventes combinées, 3,8 milliards d'euros). Sanofi pourrait d'ailleurs annoncer ce mercredi à qui profitera la cession des quelques centaines de millions de dollars d'actifs demandées par les autorités de la concurrence. Novartis est sur les rangs.
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