Afflux de papier en vue après la réforme annoncée à la Bourse de Bombay

Le gouvernement devrait suspendre sa décision concernant le flottant des sociétés cotées, le temps de clarifier les choses : c'est ce qu'a affirmé Hari Bhartia, président de l'organisation patronale CII, reflétant les interrogations des marchés après l'annonce des autorités. Le ministère des Finances a en effet fait savoir le week-end dernier que les entreprises cotées devront désormais offrir un minimum de 25 % de leurs actions au public. Une telle réforme avait été annoncée dans son principe lors de la présentation du budget, voici quelques mois, mais une application concrète n'était pas attendue si vite.Inquiétudes sur l'impactDécidée notamment pour assurer une meilleure liquidité aux titres négociés, cette initiative devrait avoir un fort impact. Car de nombreuses entreprises indiennes ont un flottant inférieur à un quart de leur capital, qu'elles vont devoir augmenter de 5 % par an au moins jusqu'à parvenir à 25 %.Selon Crisil, filiale de l'agence de notation S&P, mi-mai la Bourse de Bombay cotait 179 entreprises affichant un flottant inférieur à 25 %, dont des fleurons de la cote comme la SSII Wipro et de nombreuses entreprises contrôlées par l'Etat. Pour que toutes ces sociétés respectent la nouvelle règle, il leur faudra mettre sur le marché l'équivalent de 28 milliards d'euros d'actions si les actionnaires de référence choisissent de céder une partie de leurs titres, ou bien jusqu'à 37 milliards d'euros s'ils préfèrent purement et simplement recourir à des augmentations de capital. Sur le fond, personne ne conteste le bien-fondé de cette mesure pour la Bourse de Bombay qui va y gagner en activité et en profondeur. Elle devrait également stimuler les privatisations : le gouvernement ne vendait jusqu'ici en général que 10 % du capital des entreprises publiques, il va devoir rectifier le tir. Selon Crisil, 29 entreprises publiques cotées assureront 82 % des levées de fonds nécessaires à la mise en conformité avec le décret gouvernemental. Mais les inquiétudes portent sur l'impact de cette mesure en 2010. Car les volumes de capitaux en jeux sont considérables : ils représentent trois à quatre fois les levées de capitaux moyennes annuelles à Bombay. Or les privatisations de ces trois derniers mois ont été laborieuses, le grand public boudant des offres, souscrites pour l'essentiel par les institutionnels. Un cas particulier, enfin : celui des filiales indiennes de groupes étrangers. Le marché estime que ces derniers pourraient bien choisir de retirer leurs filiales de la cote plutôt que de diluer leur contrôle. Du coup, les actions des filiales de Astrazeneca, Oracle ou Alfa Laval ont fortement progressé lundi.Patrick de Jacquelot, à New Delh
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