Stéphane Richard en première ligne sur un cas de suicide symbolique chez Orange

L'été dernier, le 14 juillet, un architecte réseau de France Télécome;lécom à Marseille met fin à ses jours à son domicile en laissant une lettre, adressée à sa famille et ses collègues, où il affirme qu'il « se suicide à cause de [son] travail à France Télécome;lécom » et dénonce « un management par la terreur. » Cet événement dramatique, très médiatisé et suivi d'autres cas pendant l'été, a mis en lumière le malaise social chez l'opérateur télécom, ses pratiques managériales parfois brutales, telles que les mobilités forcées. Les syndicats mettent un point d'honneur à ce que l'entreprise reconnaisse sa responsabilité dans cet acte. Ils souhaitent que le suicide de Michel Deparis soit qualifié d'accident de service, l'équivalent de l'accident du travail pour les fonctionnaires. Or, jeudi, la commission de réforme, une structure interne paritaire chargée d'émettre un avis sur la question, s'est prononcée contre. « C'était l'occasion pour la direction d'adresser un signe sur ce suicide fortement symbolique » regrette le syndicat Sud-PTT, d'autant plus déçu que Stéphane Richard a déclaré en comité national hygiène, sécurité, conditions de travail (CNHSCT), le 22 juin qu'il allait « personnellement prendre ses responsabilités sur ce dossier douloureux. » Expertise contestéeLa psychiatre qui représente la famille du défunt a écrit jeudi à Stéphane Richard un mail exprimant sa tristesse de voir, « alors que vous venez d'annoncer votre intention de mettre l'humain au coeur de l'entreprise, qu'une décision de reconnaissance d'accident de service ne repose finalement que sur l'analyse d'un seul psychiatre agré頻, et elle demande une contre-­expertise. En effet, la commission de réforme a suivi les conclusions du rapport d'un inspecteur de l'IGAS, (Inspection générale des affaires sociales), Jean-Marc Boulanger, mandaté par le ministre du travail de l'époque, Xavier Darcos. L'auteur estime que : « rien ne vient étayer le reproche de management par la terreur » et que « cette souffrance ne trouvait pas sa source dans l'activité professionnelle de M. Deparis. »À l'inverse, dans son rapport de janvier que « La Tribune » a pu consulter, le CHSCT de la zone Sud-Est de France Télécome;lécom considère que « Michel n'a pas trouvé à temps d'issue professionnelle, ni de lieu d'échange, ni de personne pour discuter des difficultés rencontrées, difficultés dues à l'évolution de son activité et de son environnement. Rien n'a été identifié comme des éléments personnels. » Le groupe d'analyses et de prévention du CHSCT Sud-Est, qui a auditionné de nombreux anciens collègues de l'architecte réseau, souligne «la crainte exprimée par Michel de perdre son activité.»Pour autant, les syndicats ne désarment pas. « Il est encore temps avant le 13 juillet de voir l'entreprise, à travers les engagements de Stéphane Richard lors du dernier CNSHSCT dans le cadre d'un travail de mémoire, décider cette reconnaissance, malgré l'avis de la commission de réforme », fait valoir Sud-PTT. Cet avis est en effet consultatif, c'est au directeur général de l'entreprise de trancher. La date de ce triste anniversaire approchant, les représentants syndicaux ne désespèrent pas que Stéphane Richard, en « fin politique », fasse ce geste d'apaisement très attendu. La direction de France Télécome;lécom commentait jeudi soir que « Stéphane Richard a tenu à rappeler lors du comité d'entreprise central de ce jour que, au-delà de la question de l'imputabilité des accidents de service au travail, l'entreprise avait un devoir d'assistance et de mémoire. » n
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