Dominique D'Hinnin, le c ? ur discret du groupe Lagardère

Il est tout sourire et tient une ardoise à la main : « Regardez-moi, cela suffit ». C'est la photo que Dominique D'Hinnin, le directeur financier du groupe Lagardèrerave;re, s'est choisie sur Facebook. À 50 ans, l'homme qui brille par sa discrétion se donne donc un air branché. Il compte 33 amis sur ce réseau, ce qui est peu sur cette nouvelle échelle de la popularité numérique. Mais l'essentiel n'est pas dans ces amitiés publiques. Son ami, le principal, n'y figure pas.Arnaud Lagardèrerave;re, le patron du groupe de média, et Dominique D'Hinnin se sont rencontrés en 1994 aux États-Unis, chez Grolier, l'éditeur que le groupe français avait acheté. Jean-Luc Lagardèrerave;re y avait envoyé son fils faire ses classes et Dominique D'Hinnin, normalien, énarque et inspecteur des finances entré en 1990 à l'audit interne d'Hachette « par amour des livres », y était son numéro deux. « Arnaud et moi étions les seuls Français dans une ville du Connecticut, un charmant trou, à 120 km de New York. » De cette période, où les deux hommes voient les premières encyclopédies sur cédérom supplanter le papier, naît une indéfectible relation de confiance et la conviction que le numérique va révolutionner les médias.Nommé directeur financier du groupe Lagardèrerave;re par Jean-Luc en 1998, le petit homme souriant est devenu incontournable depuis 2003 quand Arnaud a dû succéder dans la précipitation à son père. « C'est le garde-fou et le protecteur d'Arnaud Lagardèrerave;re », observe, bienveillant, Raymond Lévy, président du conseil de surveillance du groupe. « Dominique D'Hinnin a imposé la culture du cash-flow, ce qui est la sécurité du groupe », reconnaît l'ancien patron de Renault.maison bien gardéeDans un groupe comme Lagardèrerave;re, très décentralisé où chaque patron de branche (Didier Quillot chez Lagardèrerave;re Active, Arnaud Nourry chez Hachette Livre, etc.) a une large autonomie? et un directeur financier, à quoi sert le directeur financier du holding ? « J'ai un droit de veto sur la nomination des directeurs financiers des branches », répond l'intéressé. Les procédures sont strictes et la maison bien gardée. Un des argentiers du groupe a ainsi été congédié pour avoir préféré les consignes du patron de branche aux règles fixées par Dominique D'Hinnin? Mais surtout, le pouvoir du directeur financier réside dans l'avis formel, le « go/no go », qu'il donne à Arnaud Lagardèrerave;re sur chaque projet d'investissement.« C'est en fait le directeur général du groupe, mais qui n'en a pas le titre et n'en assume pas les conséquences non plus », se plaint sous couvert d'anonymat le directeur d'une des filiales. De fait, la stratégie n'est jamais très loin de la finance. Et ses talents de financier ne sont pas contestés. Le milliard d'euros levé fin septembre dans d'excellentes conditions sur le marché obligataire l'a confirmé. Alors qu'il s'est lui-même endetté avant l'été pour acheter un appartement en plein c?ur de Paris, il croit à un retour de l'inflation. Et a évoqué jeudi dernier que le groupe pourrait, lui aussi, regarder des opportunités.
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