Les cheminots prêts à se mobiliser contre la nouvelle réforme

Les négociations sur la réforme des retraites 2010 n'ont pas encore officiellement commencé. Mais à la SNCF, où la réforme des régimes spéciaux est mise en place depuis juillet 2008, différents scénarios sont déjà à l'étude. Et notamment celui d'une modification du salaire de référence retenu pour calculer la pension. La Caisse de prévoyance et de retraite du personnel de la SNCF (CPRPSNCF) a ainsi realisé une étude sur les conséquences d'un passage du salaire des six derniers mois au salaire des cinq dernières années pour le calcul de la pension. Résultat des courses : ?les agents d'exécution subiraient une diminution de 11 % de leur pension??, indique Frédéric Buffin, le directeur de la CPRPSNCF, lors d'une audition au Sénat en mars dernier, dont la Tribune s'est procuré un compte rendu. Dernier avantageLes cheminots, qui ont déjà perdu lors de la réforme des régimes spéciaux engagée en 2007 la possibilité de partir à 55 ans avec une retraite pleine, pourraient donc selon Bernard Aubin de la CFTC des cheminots ?perdre leur dernier avantage?? : celui d'une retraite calculée sur les mois où leur salaire est à priori le plus élevé, en toute fin de carrière. Projet explosif?L'entreprise commence seulement à digérer la dernière réforme et ne doit pas être soumise à des évolutions trop rapides?? a souligné Frédérci Buffin lors de son audition. ?Nous n'avons pas du tout fini la première réforme. Nous voudrions déjà en tirer les conséquences avant de passer à la suite?? insiste pour sa part Eric Tourneboeuf de l'Unsa Cheminots. C'est d'ailleurs sur ce point entre autres que ce syndicat souhaite se battre. S'il n'a pas voulu participer au dernier mouvement de grève à la SNCF, aux côtés de la CGT-cheminots et de Sud-Rail, c'est pour garder intactes les capacities de mobilisation de ses troupes lors de cette réforme des retraites. ?Si le projet concerne les salariés du droit commun, les fonctionnaires et les régimes spéciaux, ça va être explosif?? prévient-il déjà. En 2007, la réforme des régimes spéciaux avait occasionné des grèves pendant une bonne dizaine de jours. "Mesures d'accompagnement"« On se passerait bien de cette nouvelle réforme, comme nous nous serions déjà bien passés de la première » indique-t-on en interne, à la SNCF. De fait, l'organisation de l'entreprise s'est trouvée ébranlée, de nouveaux échelons ont été introduits, la SNCF ne maîtrise plus ses flux de sortie, etc. ?Ca n'améliore pas le climat social?? assure Eric Tourneboeuf. D'un point de vue financier, les effets ne sont pas les mêmes pour la CPRPSNCF et pour la SNCF. Au sein de la compagnie ferroviaire, des augmentations de salaires ont été octroyées, des primes allouées, tout comme des bonus de déroulement de carrière. Au total, les coûts pour l'EPIC des mesures d'accompagnement représentent quelque 2% de la masse salariale, soit environ 170 millions d'euros. Activité prolongée"La SNCF a fait une très mauvaise affaire avec cette réforme" assure Bernard Aubin. Du côté de la Caisse des Retraites, l'opération s'avère plus intéressante : les cotisations sont plus élevées et les sorties moins nombreuses. De fait, la moitié des agents prolongeraient leur activité au delà de l'age minimal. Sur le long terme, l'impact de la réforme à la SNCF est cependant "difficile à déterminer" selon un rapport de l'Assemblée Nationale de la fin de l'année dernière.
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