Les syndicats relancent la bagarre contre les fermetures de centrales d'E.ON

« La marmite commence à bouillir. On se dirige vers un conflit », prévient Loïc Delpech, délégué syndical CGT d’EON France. « De vous à moi, on peut penser que l’actuel PDG France est en sursis. Si le prochain Comité central d’établissement (CCE), le 26 septembre, donne lieu à autant de manifestations que le précédent, les patrons allemands réagiront », suppute un autre délégué syndical. E.ON veut fermer 5 centrales à charbon, jugées obsolètes et non rentables, et supprimer 535 emplois sur quatre sites en France.Les projets à Gardanne et Hornaing ? \"des leurres\"!L’ambiance est explosive. Quelques jours avant le prochain rendez-vous avec les instances représentatives -lors du précédent CCE, en avril, la direction avait été « retenue » quelques heures-, la CGT accuse E.ON France d’avoir d’ores et déjà abandonné deux projets alternatifs, qui permettraient de sauver 100 emplois. Or, le premier touche Gardanne, le site le plus « revendicatif » des centrales à charbon héritées de Charbonnages de France, au cœur des bassins houillers. E.ON France y étudie un projet de centrale biomasse, un investissement de près de 180 millions d’euros. « La direction va prendre prétexte des nouvelles exigences de l’administration pour abandonner le projet biomasse », affirme Loïc Delpech.Le deuxième projet, que E.ON France a toujours qualifié de « compliqué », nécessite 300 millions d’euros pour implanter une centrale à gaz à Hornaing (Nord), faute de quoi ce site fermerait. Aujourd’hui, la CGT affirme que ces deux projets sont « des leurres ». E.ON France se refuse à tout commentaire.\"Michèle Assouline n\'a pas fait d\'offre\" La direction française du groupe allemand a déjà fort à faire avec l’offre surprise de reprise de ces vieilles centrales à charbon qui a surgi en avril et séduit une grande partie des syndicats. La jeune entrepreneur Michèle Assouline, à la tête de la société Sparkling Capital, affirme avoir les moyens et la technologie nécessaires pour prolonger la vie de ces tranches de façon rentable pendant trente ans. Elle clame qu’E.ON refuse d’étudier son offre, que le groupe, en réalité ne veut pas vendre. Autre son de cloche du côté d’E.ON. « Le sujet, ce n’est pas qu’E.ON ne veut pas vendre. La vérité, c’est qu’E.ON n’a pas d’offre », affirme-t-on dans l’entourage du groupe allemand. « E.ON n’a pas reçu d’éléments constitutifs d’une offre non engageante, encore moins d’une offre engageante », ajoute-t-on. « Michèle Assouline n’a fourni que des déclarations d’intention », conclut un proche du dossier.Un expert indépendant aurait été nomméPour tenter de rompre ce dialogue de sourd, les syndicats, alléchés par la perspective de continuer l’activité et de sauver des emplois, en appellent au gouvernement. Ils relaient la demande formulée fin juillet par Michèle Assouline de voir désigner un expert indépendant. « Il faut que l’alternative que constitue l’offre de reprise de Sparkling soit analysée », martèle Jean-Pierre Damm, délégué FO. Jusqu’à ce week-end, rien n’avait bougé. Samedi, la député PS de Lorraine Paola Zanetti annonçait dans le Républicain Lorrain : « grâce à un travail conjoint avec les élus de la région et les syndicats, nous avons obtenu la nomination d’un expert ». Vendredi, le ministre Arnaud Montebourg ne semblait pas au courant. . « On cherche à comprendre pourquoi E.ON ne veut pas vendre. Nous sommes dans une phase d’analyse », avait-t-il confié à La Tribune à l’orée du week-end lors d’un déplacement dans une usine Safran de l’Essonne.De nombreux points d\'interrogationsL’expert, si expert il y a, devra se pencher sur les détails du projet de Michèle Assouline, détails qui manquent singulièrement au dossier selon le groupe allemand. « Le projet de Sparkling pose des défis techniques (en se proposant de prolonger jusqu’à 70 ans des centrales charbon âgées de 40 ans), économiques (en affirmant pourvoir rendre rentable une exploitation qu’EON attend déficitaire dès le début 2013) et sociaux. Mais sans fournir le moindre début d’explication sur la façon de s’y prendre », commente une source proche du groupe. E.ON France aurait en fait vu rouge quand Michèle Assouline lui a demandé, noir sur blanc, de lui céder ces tranches vouées à la fermeture pour un euro et un chèque de près de 200 millions d’euros. Le coût pour E.ON de la fermeture de ces sites, affirme Sparkling. Entre-temps, la société de Michèle Assouline a annoncé avoir conclu un accord de partenariat avec le groupe d\'ingénierie américain Wamar, spécialisé dans les turbines, qui serait prêt à apporter 250 millions d’euros supplémentaires. Quant à EDF, présenté comme un « soutien » à ce projet, il se tient prêt à assurer un contrat de prestation technique.
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