La CGT bat seule le pavé à Paris : "Hollande a déçu tout le monde"

C\'était le 1er mai dernier. Lors de cette traditionnelle \"fête du travail\", Bernard Thibault, le chef de file de la CGT a affirmé qu\'il voterait François Hollande au second tour de la présidentielle. A ses yeux, une réélection de Nicolas Sarkozy aurait ouvert \"à coup sûr une nouvelle séquence de lourds reculs sociaux\". Depuis, la donne a changé. Mardi, les troupes du leader syndical ont battu les pavés de l\'Hexagone. Si cette mobilisation forte de plusieurs milliers de personnes à Paris (25.000 selon la CGT), se voulait \"pour l\'emploi\", elle a surtout été le théâtre d\'une fronde contre François Hollande. Entre les habituels hauts parleurs chantant L\'internationale, les fumigènes fusant au beau milieu de drapeaux rouge et blanc, les cégétistes, se sont montrés particulièrement virulents envers le locataire de l\'Elysée, accusé de ne pas protéger suffisamment l\'emploi industriel.Venu en car de Seine-Maritime, Reynald, ouvrier à la Verrerie de Courval, juge qu\'\"Hollande a déçu tout le monde\". Pour lui, le fait que le gouvernement ait songé à augmenter la CSG est la preuve qu\'il \"n\'est pas à 100% de gauche\". Désabusé, il égrène le plan visant \"à supprimer 300 postes sur les 1800\" que sa direction a initié il y a près de deux mois, le spectre du chômage partiel, ou encore la mise à pied des intérimaires. A 47 ans, dont 27 passés à la verrerie, il déplore la disparition des primes de participation aux bénéfices, \"qui pouvaient s\'élever à 1500 euros annuel\", alors que dans le même temps, \"les actionnaires continuent de toucher leurs dividendes\".Une \"politique globale d\'austérité\"Ouvrier chez le sidérurgiste Ascometal, à Leffrinckoucke (près de Dunkerque), Bernard voit dans cette manifestation un moyen de \"mettre la pression sur le gouvernement\". Lui, dont l\'emploi et celui de 18 autres collègues est menacé par un possible plan social, estime que l\'Etat n\'en fait pas assez pour éviter les délocalisations. D\'après cet ouvrier de 51 ans, François Hollande se fait \"mener par le bout du nez\" par Bruxelles, dont il déplore \"la politique globale d\'austérité\". Tendu, il assure \"qu\'[il] traînera son patron en justice\" s\'il doit perdre son travail.Même son de cloche chez les représentants CGT de PSA Sochaux. Syndiqué \"depuis 38 ans\", Pascal est ainsi venu \"par solidarité vis-à-vis de [ses] collègues d\'Aulnay\", dont le site doit être fermé. Cet ouvrier de 56 ans évoque aussi les 8.000 employés qui risquent de perdre leur travail selon le plan de restructuration de PSA. Las, il s\'interroge sur l\'avenir du groupe en France. \"A Sochaux, la recherche-développement est menacée\", argue-t-il. Sachant que cette filière compte 3.900 personnes, soit près d\'un tiers des effectifs. \"Comment voulez-vous continuer à fabriquer des voitures sans cela?\", déplore-t-il.\"Avertissement\"Comme en écho à ses mots, des incidents ont opposé plusieurs centaines de salariés du secteur à des policiers au Salon de l\'automobile. Ceux-ci, dont des salariés de PSA, ont tenté d\'investir les lieux, et ont essuyé en retour les gaz lacrymogènes des forces de l\'ordre. Pour Bernard Thibault, cette journée de mobilisation constitue ainsi \"une alerte à l\'égard des pouvoirs publics et du patronat\". Ou plutôt un \"avertissement\", a-t-il lâché. 
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